Monsieur le rapporteur, nous tenons ce projet à votre disposition. J’aimerais que vous me disiez très précisément quel est l’argument qui a fait que la Picardie quitte la Champagne-Ardenne pour rejoindre le Nord-Pas-de Calais, en dehors de quelques kilomètres de côtes en commun, du même patois et de l’AOC Maroilles ? Quels sont les arguments de fond qui vont donner de la force au développement économique et faire reculer le chômage ? Pour ce qui est des pôles de compétitivité, la Champagne-Ardenne travaille avec la Picardie et la Lorraine depuis longtemps. Vous aviez là un véritable projet structurant pour l’arc nord-est. Et je pourrais multiplier les arguments.
Je vous disais de faire preuve d’audace. Vous ne trouvez pas de solution sans cela. Je voudrais reprendre les arguments qui ont été avancés par M. Woerth tout à l’heure : vous vous êtes trouvés bloqués par le fait qu’il ne fallait pas procéder à un découpage à l’intérieur des régions, ni toucher à la région Île-de-France. Mais si l’on veut vraiment aller au fond des choses pour ne pas avoir à y revenir, il faut tout mettre sur la table. La région Picardie ne se résume pas au département de la Somme, elle comprend deux autres départements. Je ne sais pas si l’on parle le picard ou le ch’ti à Chantilly, mais j’ai le regret de vous dire qu’on ne le parle pas à Château-Thierry.
Il faut aller au fond des choses, et prendre en compte la vie quotidienne des gens. Je rappelle que Saint-Quentin est attiré par le Nord et que Jean-Pierre Balligand, qui a été député de la Thiérache, a milité pour sa part pour que la Thiérache aille vers Reims. La vie des gens dans le sud de l’Aisne est déjà très engagée avec le G10, un groupement autour de Reims, Laon, Soissons et Château-Thierry. Toutes les communautés de communes et d’agglomération se sont prononcé contre cette proposition, et le conseil régional de Picardie s’est abstenu. Il ne suffit pas de dire qu’il y a un « mouvement » pour que cela soit vrai !
La vie quotidienne des gens, c’est important. On me dit que des coopérations interrégionales pourront continuer, comme dans la santé, mais ce n’est pas possible. Et les jeunes qui habitent Château-Thierry vont poursuivre leurs études à Reims. Quant aux axes de communication… Arrêtez ! Pour aller à Lille en train, on est obligé de passer par Paris !
On nous dit encore qu’il s’agira d’une grande région. Mais quand on est une petite ville, rurale, moyenne, on doit savoir que les métropoles vont nous aspirer et qu’elles vont contribuer à l’accroissement de déserts territoriaux. Sans parler de la zone AOC, qui va être scindée : cela représente un chiffre d’affaires de 4,5 milliards, dont plus de la moitié à l’extérieur ! La véritable force, cela consiste à donner de la cohérence à ce qui est une plus-value, pas seulement pour le territoire mais pour la France !
Monsieur le ministre, monsieur le rapporteur, il faut faire preuve d’audace et aller jusqu’au bout afin de trouver une solution. Bien sûr, le droit d’option en est une mais il faudra pour cela attendre 2016. Il aurait été bon de tout mettre sur la table pour mieux prendre en compte les attentes de nos habitants, y compris dans le département de l’Aisne.