Intervention de Claude Sturni

Séance en hémicycle du 17 juillet 2014 à 21h45
Délimitation des régions et modification du calendrier électoral — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClaude Sturni :

Figurez-vous que ce régime local est équilibré, en Alsace, au point que nous avons réduit le taux de cotisation !

Mon premier constat est donc que nous avons des atouts. Pourquoi voulez-vous casser ce qui fonctionne ? Pour quoi affaiblir ces particularismes alsaciens dans une très grande région ? Je cherche, comme d’autres, vos motivations.

Et puis, monsieur le ministre, vous avez parlé d’identité et de modernité. Je ne peux imaginer que l’identité ne soit pas un élément de cette modernité. Nous voulons développer cette identité. Ce n’est pas pour nous singulariser : nous sommes Français, nous sommes Européens en Alsace. Mais en même temps, donnez-nous la possibilité de garder, voire de développer cette identité alsacienne ! Cette identité, ce n’est pas qu’un mot, un discours sur notre passé : c’est des outils pour l’avenir.

Comment ne pas imaginer que certaines organisations, certains médias, vont s’articuler autour de cette très grande région ? Où va passer France 3 Alsace ? Où va passer France Bleu Elsass ? Nous avons la chance d’avoir ces médias publics qui font un travail tout à fait intéressant, mais vous savez bien qu’ils se sont organisés autour des régions.

Un dernier point concernant l’identité : c’est la politique éducative. Nous avons en Alsace développé le bilinguisme, fruit d’un consensus entre tous les élus et avec les services de l’État. Je voudrais à ce propos saluer M. le recteur, parce qu’il a compris quel atout représentait ce bilinguisme. Ce n’est pas faire injure à qui que ce soit de penser que dans une très grande région, ces questions-là seraient diluées parmi d’autres priorités. Les élus alsaciens voudront continuer à peser pour soutenir budgétairement le bilinguisme, par exemple, mais force est de constater que tel n’a pas été le cas dans les régions auxquelles vous souhaitez nous associer. Ce n’est pas un procès d’intentions, c’est un hommage au travail qui a été fait depuis des années par les Alsaciens dans un consensus très large.

Je finirai avec les infrastructures. En Alsace, région frontalière, nous avons le Rhin. Les questions de franchissement du Rhin sont cruciales : pour nous, et pour la coopération avec nos voisins allemand et suisses. Dans une très grande région, comment allons-nous faire ? D’autant que vous allez attendre des collectivités qu’elles réduisent la voilure, qu’elles améliorent les comptes publics. Sauf à croire que nous allons réduire les services à la population, tout cela se traduira nécessairement par une réduction des investissements.

La modernité, c’est de pouvoir aller vite, c’est de pouvoir décider. Eh bien, je ne crois pas que la très grande région, en ce qui nous concerne, soit synonyme d’efficacité ni de rapidité de décision.

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