Monsieur le président, monsieur le ministre, chers collègues, on a entendu beaucoup de choses, notamment des déclarations un peu navrantes, mais aussi d’autres qui donnent envie d’être dans une région riche, qui attire les autres. Heureusement qu’il y a des dispositions qui font que les territoires, pour pouvoir fusionner, doivent être contigus : j’ai le sentiment que la région Rhône-Alpes aurait pu être étendue vraiment très loin, tellement elle fait envie ! En tout cas, il est vrai que l’alliance avec l’Auvergne ne fait pas débat.
Et, je vous le dis, chers collègues, la région Rhône-Alpes, c’est une création arbitraire, dès l’origine. Il n’y a aucune mystification du passé, chez nous, puisque certains territoires sont attirés par l’Italie, par la Suisse, par l’Auvergne, par la région PACA et que cet ensemble assez baroque, finalement, dans les décennies qui nous ont précédés a assez bien fonctionné. Ce n’est donc absolument pas une construction sur une base identitaire, comme j’ai pu l’entendre – l’idée est assez affligeante, me semble-t-il, et dangereuse pour le futur. La région ne s’est pas non plus construite sur un sentiment fort d’appartenance.
Et, pourtant, ça n’interdit pas aux Savoyards d’avoir une identité forte. Il y a même un hymne savoyard, et les drapeaux sont assez abondamment répandus dans notre région. Cela est parfaitement toléré par tous. Dans le sud de notre région, certains parlent franco-provençal, d’autres, ailleurs, l’occitan, et tout cela marche bien. En fait, ce qui a fait l’unité de la région, c’est sa capacité à développer un écosystème, des projets, à faire en sorte qu’on se batte ardemment pour développer notre industrie, non pas seulement la sauver, c’est qu’on investisse collectivement énormément de moyens et d’énergie pour développer la recherche et se placer non parmi les quelques régions françaises de tête mais plutôt parmi les quelques régions européennes de tête. Et lorsque le Gouvernement a fait la proposition d’une fusion ou d’une alliance avec la région voisine de l’Auvergne, ce n’était pas l’option de départ de nos voisins auvergnats. Pourtant, l’alliance s’est faite naturellement. Aujourd’hui, sans ce débat, j’aurais dû me rendre à Clermont-Ferrand, à l’invitation du président de la région Auvergne, pour développer des réseaux scientifiques dès à présent, parce qu’on ne va pas attendre que la loi soit définitivement votée pour se développer au-delà des frontières.
Notre expérience devrait quand même un peu renseigner notre collègue Le Fur, qui se replie de manière prudente…