On peut également évoquer l'évolution du coût du travail en France, en comparaison notamment avec ce qu'il est en Allemagne. De 1994 à 2010, l'évolution du coût horaire du travail est assez proche en France et en Allemagne, sinon que la progression est un peu plus vive en France depuis les années 2000. Il est actuellement de 33 euros, contre 30 euros en Allemagne.
En réalité, le différentiel avec l'Allemagne n'est pas homogène dans tous les secteurs d'activité. Le coût du travail dans l'industrie est légèrement supérieur en Allemagne, ce qui peut traduire des différences de productivité. En revanche, le coût du travail dans les services est nettement plus élevé en France. C'est là un point très important, étant donné que les services pèsent dans les coûts de production des autres entreprises, notamment dans l'industrie. Ainsi, en Allemagne, la consommation de services représente 60 % de la valeur ajoutée des entreprises du secteur manufacturier. D'où l'importance du coût du travail dans le secteur des services pour la viabilité des autres secteurs de production.
De ce point de vue, la France connaît une situation assez extrême, puisque le coût du travail au niveau des bas salaires est structurant pour son marché de l'emploi. Nous sommes l'un des pays de l'OCDE où le coût du travail au niveau du salaire minimum est le plus élevé, en tenant compte de toutes les exemptions : ce coût est d'environ 80 % plus élevé en France que dans la moyenne des pays de l'OCDE et 70 % plus élevé qu'aux États-Unis. Si l'on excepte le Luxembourg, dont l'économie est très spécifique, la France se situe juste derrière les Pays-Bas et l'Australie, pays qui prévoient des exceptions au salaire minimum, les jeunes étant parfois payés à un taux beaucoup plus bas.