Intervention de Pierre Cahuc

Réunion du 8 novembre 2012 à 9h15
Mission d'information sur les coûts de production en france

Pierre Cahuc, professeur à l'école Polytechnique, directeur du Laboratoire de macroéconomie du Centre de recherche en économie et statistique – CREST –, chercheur au Centre for Economic Research – Londres – et à l'Institute for the Study of Labor – Bonn :

Le débat s'est focalisé sur le thème de la compétitivité en raison du lobbying très efficace de la grande industrie qui espère récupérer une partie des baisses de charges sur les bas salaires. Je trouve étonnant qu'un gouvernement de gauche se soit laissé piéger ainsi.

Depuis des années dans ce pays, on évite d'aborder le problème des jeunes, qui ne parviennent pas à intégrer le marché du travail. Pour les jeunes non qualifiés, le problème n'est pas de savoir s'il faut développer des emplois de bonne ou de mauvaise qualité ; il est d'arriver à les insérer dans l'emploi et à les faire progresser dans des carrières, sachant que leur productivité est très faible puisqu'ils n'ont pas de diplôme. Il faut donc agir immédiatement sur le coût du travail.

Stéphane Carcillo l'a souligné : 500 000 jeunes ne cherchent plus d'emploi. Le problème de notre société est là, et la compétitivité s'améliorera si l'on arrive à le résoudre. On ne peut pas laisser autant de jeunes sur le bord de la route. Il faut donc cibler les actions du service public de l'emploi vers ces jeunes, par exemple en donnant davantage de moyens aux missions locales. Il faut également développer la formation en alternance. La priorité est là.

Je rappelle que les jeunes de moins de vingt-cinq ans, en France, n'ont pas accès au RSA, alors qu'ils touchent les minima sociaux dans tous les autres pays européens, exceptés le Luxembourg et l'Espagne. En France, un jeune de vingt ans, sans diplôme et habitant en banlieue n'a aucune perspective. S'il n'est pas pris en charge par ses parents, il se trouve dans une situation catastrophique. Le débat doit donc se concentrer sur ces jeunes – et non sur les personnes de vingt-cinq à cinquante-cinq ans dont le niveau d'emploi est équivalent à celui des autres pays.

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