Intervention de Danielle Auroi

Réunion du 15 juillet 2014 à 16h30
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanielle Auroi, présidente :

Nous avons toujours veillé à ne pas donner de faux espoirs et à être très honnêtes dans nos propos. Nous avons également souligné que nous représentions dans cette mission quasiment tout l'éventail de la vie politique française. Notre tâche est compliquée par le fait qu'il y a une véritable francophilie en Ukraine : aussi, ce que nous avons pu ramener comme idées concrètes se concentre notamment autour de l'aide à la venue en Europe de jeunes Ukrainiens, ce qui leur permettra en outre de se rendre compte de la réalité de l'Europe …

En ce qui concerne les demandes de précisions sur la légitimité du Président Porochenko, je réaffirme qu'il bénéficie pour le moment d'une véritable assise démocratique, mais elle risque de s'effondrer si la situation stagne et qu'il n'y a pas d'élections législatives anticipées. Cela engendre une tension politique forte entre d'un côté l'Exécutif et la société civile, de l'autre le Législatif où l'on note certaines « réticences » à la Rada …

Certes le Chef de l'État joue une partie de son va-tout avec la reconquête de l'Est. Les soldats ukrainiens y partent souvent sans équipements efficaces, voire sans gilets pare-balles ou sans casques mais leur motivation est très forte : et plus la Russie veut attaquer l' Ukraine, plus se propagent les idées d'un parallèle avec la seconde guerre mondiale, d'un Poutine qui serait un véritable Hitler russe etc … Nous avons sans cesse au cours de cette mission essayé de faire du « déminage ». Je suis d'accord pour dire que ce qui a dû particulièrement contrarier la Russie, c'est bien la perspective d'une adhésion de l'Ukraine à l' OTAN.

Dans le secteur de l'énergie, la situation est encore bien pire que ce que l'on pensait ! Les Ukrainiens dépendent en effet également de l'uranium russe, et pas seulement du gaz. Il sont à 40 % dépendants de la Russie. Certes ils pensent à développer les énergies renouvelables et bougent sur ce terrain, mais ils restent quand même dans une situation particulièrement difficile.

Pour ce qui concerne la Crimée, les sentiments sont partagés. Le député tatar que nous avons rencontré est désespéré par le sort de cette région et par le fait qu'il ne pourra sans doute jamais retourner chez lui. Beaucoup pensent que les nouveaux arrivants en Crimée sont de véritables mercenaires auxquels la Russie livre la Crimée. Nous avons entendu parler de l' objectif de reprise de la Crimée à Odessa, mais ce sujet n'a pas été réellement abordé à Kiev, ce qui peut conduire à l'idée qu'elle est un peu « passée » par pertes et profits ! En revanche la volonté de reconquérir l'Est est prégnante.

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