Combien d’entre nous disent ne pas vouloir entendre parler de la reprise sur succession ; mais elle existe aujourd’hui, la reprise sur succession ! Elle existe de manière insidieuse, silencieuse, sans aucune règle, sans plafonnement. Je n’ai cité que le cas des Ardennes, où le foncier est encore abordable ; mais si quelques collègues de la région parisienne m’entendent aujourd’hui, ils savent bien que, chez eux, la note est encore plus salée : elle peut atteindre 3 000, 3 500, voire 5 000 euros !
La dernière situation à laquelle j’ai été confrontée dans les Ardennes – cela date de la semaine dernière – est celle d’une jeune femme qui travaille pour un revenu d’environ 1 200 euros, son mari gagnant environ 1 300 euros ; ils ont deux enfants – les Ardennes, c’est la France : c’est partout pareil ! Ils ont fait construire une maison et souffrent, comme beaucoup de Français, d’une baisse importante de leur pouvoir d’achat. Le tribunal vient de les assigner à rembourser le conseil général pour un montant de 20 000 euros et à payer chaque mois 1 200 euros pour les frais d’hébergement d’une grand-mère que cette jeune femme a dû voir deux fois dans sa vie.
Mesdames les ministres, c’est là précisément que les Français souffrent le plus, mais malheureusement aucune décision ne viendra les soulager. Vous avez décidé de privilégier le maintien à domicile ; on peut comprendre votre projet dans la mesure où les Français, lorsqu’on les interroge, disent vouloir rester chez eux le plus longtemps possible. Mais malheureusement, cela n’est pas toujours possible. La maladie d’Alzheimer ou les maladies de dégénérescence cérébrale d’une manière générale nous contraignent souvent, lorsque l’état du malade se dégrade, à envisager l’admission en EHPAD, faute de quoi le maintien à tout prix de ces personnes à domicile peut aboutir à leur maltraitance et à celle de leurs aidants.