Intervention de Élie Aboud

Séance en hémicycle du 9 septembre 2014 à 15h00
Adaptation de la société au vieillissement — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉlie Aboud :

Enfin une bonne nouvelle, mesdames les ministres, mes chers collègues, l’espérance de vie a considérablement progressé dans notre pays ces dernières années. Cela entraîne mécaniquement une augmentation du nombre de nos aînés. Près de 25 millions de Français, soit un sur trois, auront plus de soixante ans en 2060, dont plus de 5 millions auront plus de quatre-vingt-cinq ans.

Cependant, la progression de l’espérance de vie sans incapacité n’augmente hélas pas autant. Il faut donc se préparer collectivement afin de rendre la vie de nos aînés agréable et adaptée à leur vieillissement, sur la base de niveaux de dépendance modérés.

Afin d’accompagner ce mouvement, il convient d’améliorer les conditions d’accueil des personnes âgées dans notre société, qui sont aujourd’hui souvent insuffisantes, chères, et parfois déplorables. Tel est précisément l’objet du projet de loi soumis à notre assemblée.

Nous devons donc collectivement changer notre regard sur les anciens. Comme le dit fort bien Mme la rapporteure, « l’âge, en soi, n’entraîne pas forcément d’incapacités, néanmoins, il occasionne des fragilités ». C’est à cela que nous devons nous attaquer, dans la mesure du possible, en faisant de ce thème de la vulnérabilité une priorité de l’ensemble de nos politiques publiques.

L’avancée en âge devrait être une opportunité de faire bénéficier la société d’une nouvelle classe d’âge, qui a elle-même des besoins, des exigences, et qui remplit à part entière sa mission au sein de la société, comme autrefois les anciens.

Aucun pays n’a véritablement, à ce jour, intégré cette avancée en âge de la population. De plus en plus, les personnes âgées possèdent toutes leurs facultés intellectuelles, sans conserver forcément toute leur aisance, notamment dans leurs déplacements. C’est pourquoi il faut voir large. Bien souvent, les politiques publiques se cantonnent au domaine de la santé et des services sociaux, alors qu’il faudrait tenir compte de l’état réel des personnes dans leur quotidien. Comment ne pas constater, par exemple, la misère actuelle dans la transmission des savoirs et des valeurs, de génération en génération ? En tout cas, l’apport inestimable des anciens dans ce domaine est aujourd’hui insuffisamment mis en avant.

L’actuel projet de loi repose sur trois priorités : l’anticipation par la prévention, l’adaptation et l’accompagnement progressif de la perte d’autonomie.

Là où le texte est fragile, vous le savez bien, c’est d’abord au niveau du financement. Le premier problème est donc non pas l’orientation du texte, son ambition déclarée, mais les moyens qui lui sont alloués. L’apport des 650 millions d’euros correspondant à l’affectation du produit de la contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie est bien évidemment insuffisant pour relever les défis du vieillissement.

La priorité fixée dans ce texte est le maintien à domicile. Pourquoi pas ? Nous sommes tous d’accord. Mais n’oublions pas nos nombreux aînés demeurant en établissement qui ont des difficultés pour régler leur reste à charge. Sur ce point, il n’y a rien dans le texte, et c’est pourtant une préoccupation essentielle des familles. Ce projet est loin de répondre aux défis humains et financiers de la dépendance.

Le texte pèche sur un autre point majeur, l’absence totale de visibilité quant aux politiques locales concernant l’autonomie. Au-delà de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, qui fait quoi, qui coordonne l’ensemble des actions en faveur de l’autonomie, quid de la double compétence, des ARS et des conseils généraux, eux-mêmes en voie d’extinction si l’on en croit ce gouvernement ? Quid du guichet unique ouvert aux personnes en perte d’autonomie, excellente idée chère à notre rapporteure, qui, malheureusement, ai-je cru comprendre, n’a pas été retenue ?

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