M. Pierre Vimont a été entendu en tant que secrétaire général exécutif du Service européen pour l'action extérieure (SEAE), et M. Arnaud Danjean en sa qualité de président de la sous-commission Sécurité et défense du Parlement européen. Des signaux institutionnels ont donc déjà été envoyés. Par ailleurs, la directrice de l'Agence européenne de défense (AED), Mme Claude-France Arnould, est membre ès qualités de la commission. Néanmoins, je suis sensible à cette question institutionnelle et nous réfléchirons à son approfondissement.
Je ne puis, à ce stade de nos travaux, vous donner de réponses détaillées sur les moyens de relancer l'Europe de la défense, non plus que sur les articulations souhaitables avec l'OTAN ; ce que je puis vous dire, c'est qu'il existe deux approches : par les capacités et par les opérations. Il serait effectivement bon d'entendre l'opinion de Mme Ashton à ce sujet ; M. Jacques Tournier, rapporteur général de la commission, m'indique que nous avons eu un échange de courriels avec son cabinet mais que les calendriers respectifs semblent pour l'instant difficiles à accorder. Une opération militaire menée dans le cadre de la PESC aiguillonne en ce qu'elle oblige à réfléchir aux instruments et aux capacités. Mais, outre qu'il n'y en a pas eu depuis longtemps, la dernière a été Artémis, et la répartition des forces au sein de la mission tenait du pâté d'alouettes – dont je vous rappelle la recette : « Pour faire du pâté d'alouettes, prenez un cheval et une alouette... » - la France fournissant le cheval, à savoir le contingent de loin le plus étoffé, les autres nations l'alouette… Nous étudierons les possibilités de mutualisation des capacités, en commençant par celles qui ne demandent ni de se faire tuer ni de tuer. Ainsi se forme l'habitude de travailler ensemble, essentielle pour la suite.
Personne ne remet en cause l'idée que l'Alliance atlantique est l'un des fondements de la sécurité de l'Europe. Nous attendons, je vous l'ai dit, les conclusions de la mission confiée à M. Hubert Védrine pour les intégrer à notre réflexion. Les militaires insistent sur le rôle utile que joue l'OTAN en matière de normalisation et d'interopérabilité. Sur un autre plan, le réalisme conduit à souligner que dans de nombreuses zones, l'Alliance, à supposer que l'on souhaite la faire intervenir, ne serait pas bienvenue sur les théâtres d'opération. Il me semble donc, à titre personnel, que l'on se pose certaines questions théoriques qui ne se posent pas en pratique. Il faut raisonner de manière pragmatique, constater que l'évolution de notre position a rassuré nos partenaires européens, mais ne pas attendre beaucoup des États-Unis car même s'ils ne se désintéressent pas de l'Europe, leurs préoccupations premières portent désormais sur l'Asie.