Intervention de Carlos Ghosn

Réunion du 10 septembre 2014 à 9h00
Commission des affaires économiques

Carlos Ghosn, président-directeur général de Renault :

Merci de votre invitation, monsieur le président. Ce n'est en effet pas la première fois que je m'exprime devant la représentation nationale. Lorsque j'étais venu devant cette commission en 2008 et 2009, au début de la crise financière internationale, je m'étais dit confiant : le groupe Renault était armé pour traverser la crise dans de bonnes conditions et, si tout se déroulait bien et que nous menions bien notre affaire, devait sortir plus fort de la crise. Je suis très heureux de pouvoir vous le confirmer aujourd'hui, en l'illustrant par un certain nombre de faits. C'est en soi un message d'optimisme : dans la compétition mondiale, impitoyable dans le secteur automobile, il y a une place pour des entreprises françaises innovantes et compétitives.

Malgré les crises répétitives depuis 2008, l'engagement de chacun de ses 120 000 collaborateurs a permis au groupe Renault de se renforcer. Les résultats du premier semestre 2014 le montrent : nous sommes capables d'aborder l'avenir sereinement, avec des bases solides, non seulement en France – le marché français est un élément très important de notre stratégie, grâce au consensus social créé autour de l'accord de compétitivité signé en 2013 –, mais aussi partout dans le monde, notamment dans les pays émergents que vous avez mentionnés, monsieur le président, ainsi que dans les nouveaux pays émergents, où Renault se bat pour croître.

Nos ventes ont bien progressé depuis le début de l'année, de 4,7 %, alors que le marché mondial a cru dans le même temps de 4 %. Nous avons atteint cette performance grâce à la hausse du marché européen, qui a permis de compenser le recul d'autres marchés importants où Renault est très implanté, notamment la Russie – qui connaît une très forte récession –, le Brésil et l'Argentine. Ainsi, les marchés qui nous ont permis de tenir pendant la crise européenne sont en train de se retourner, et c'est aujourd'hui l'Europe qui nous aide à faire face à une situation plutôt précaire dans ces pays-là. La situation n'y est pas précaire pour Renault : ses parts de marché progressent. Mais, compte tenu de la contraction de ces marchés, nous n'avons pas atteint un certain nombre de nos objectifs commerciaux. S'agissant du marché européen, nous venons de relever à 3 ou 4 % notre prévision de hausse pour 2014, contre 2 % en début d'année.

En matière de profits, la situation de l'entreprise est saine : notre marge opérationnelle a continué à progresser. Notre équilibre financier est également très sain : l'entreprise a une trésorerie disponible – free cash flow – positive. En d'autres termes, elle ne brûle pas de trésorerie, mais en génère, et ce de manière ininterrompue depuis cinq ans. La gestion très rigoureuse que nous avons menée depuis le début de la crise nous a permis de ne pas nous retrouver dans une situation financière précarisée, bien au contraire. C'est très important : cela signifie que nous n'avons fait aucune concession, ni en matière d'investissements ni en matière de développement technologique. Nous n'avons remis en cause aucun de nos projets : l'avenir de Renault n'a pas été handicapé par les années de crise.

Même si nous restons prudents compte tenu d'un environnement turbulent, le groupe est dans une dynamique positive. Renault est aujourd'hui « plus global », mais n'en est pas, pour autant, « moins français » : il n'y a pas de contradiction entre ces deux aspects. Nous sommes en train de renforcer nos assises en France : treize de nos trente-sept sites de production s'y trouvent ; 40 % des collaborateurs du groupe y travaillent ; nous y réalisons 80 % de nos dépenses d'ingénierie. La France est non seulement notre premier marché, mais aussi un enjeu très important en matière de performance et de compétitivité.

À cet égard, je souligne l'importance de deux atouts qui favorisent le développement des activités de recherche en France : le crédit d'impôt recherche (CIR), qui est très apprécié par les entreprises et contribue à leur compétitivité ; la protection des pièces au titre des dessins et modèles. Ces deux éléments clés stimulent l'appétit des entreprises françaises pour investir et se développer en France.

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