Intervention de Carlos Ghosn

Réunion du 10 septembre 2014 à 9h00
Commission des affaires économiques

Carlos Ghosn, président-directeur général de Renault :

Non, et ce n'est pas du tout de la science-fiction !

Nous assistons à une désaffection assez compréhensible des jeunes à l'égard de la voiture : ils sont connectés en permanence, chez eux, à l'université, mais pas dans leur voiture. Lorsque vous conduisez, vous êtes supposé ne rien faire d'autre. Or, aujourd'hui, une personne passe en moyenne deux heures par jour dans sa voiture. En alliant autonomie et connectivité des véhicules, nous allons rendre une partie de ces deux heures à l'automobiliste : il pourra se détacher de sa voiture pour, par exemple, consulter son médecin, continuer la leçon qu'il donnait à son enfant qu'il emmène à l'école, ou écouter les nouvelles. De plus, l'enjeu est très important en termes de sécurité : 90 % des accidents de la route sont dus à des erreurs humaines. En diminuant l'interaction entre le conducteur et le véhicule, nous réduirons le nombre d'accidents. Les ordinateurs, les radars et les caméras que nous mettons en place à l'intérieur des voitures présentent des taux de défaillance minimes, en tout cas bien inférieurs à la fréquence des erreurs humaines.

Quant à la voiture qui consomme moins de deux litres aux 100 kilomètres, vous pourrez découvrir la solution que propose Renault dans les prochaines semaines. Encore une fois, nous ne misons pas tout sur la voiture électrique : nous travaillons aussi sur la diminution des consommations, notamment sur l'allègement des matériaux, ce qui nous amène à utiliser de l'aluminium et du magnésium. Si l'industrie automobile allemande consomme plus d'aluminium que l'industrie française, c'est parce qu'elle produit davantage de voitures haut de gamme, qui sont plus lourdes. Elle recourt donc plus que nous à l'allègement des matériaux. Ce n'est pas une question de savoir-faire : nous les maîtrisons aussi.

S'agissant de la Formule 1, je souhaite remettre les choses en perspective : Sebastian Vettel a été quatre années de suite champion du monde avec l'écurie Red Bull et les moteurs Renault. Pour autant, on n'a pas parlé de « domination » de la technologie française. Cette année, Mercedes est en tête pour la première fois, et de grands articles paraissent sur sa « domination » ! Au passage, cela ne nous incite guère à faire de la Formule 1 : lorsque Renault gagne, on considère que c'est normal, mais quand un autre motoriste l'emporte – dans une compétition, on ne peut pas gagner tous les ans ! – on dit que Renault a des problèmes. Nous reconnaissons la qualité du travail de Mercedes, mais nous restons dans la bataille et nous allons relever le défi.

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