Intervention de Roger-Gérard Schwartzenberg

Séance en hémicycle du 16 septembre 2014 à 15h00
Déclaration de politique générale du gouvernement débat et vote sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRoger-Gérard Schwartzenberg :

Mais il s’agira d’un soutien lucide et réfléchi. Nous nous prononcerons texte par texte, cas par cas, sans vote automatique ni mécanique, comme nous l’avons d’ailleurs fait ces derniers mois.

Il nous est arrivé, en effet, de devoir nous abstenir, voire de voter contre un texte pour obtenir qu’il soit modifié. Cela a été le cas sur la réforme territoriale, pour parvenir au maintien des conseils généraux dans les départements ruraux – que je vous remercie, monsieur le Premier ministre, d’avoir annoncé dans votre discours.

Un dernier point justifie notre soutien : la nécessité de rassembler notre pays, qui connaît beaucoup de fêlures, et même de fractures pouvant menacer son unité.

Notre société est devenue très fragile, très vulnérable. Il ne faut pas la déstabiliser davantage, en ajoutant la crise à la crise, ici au Parlement.

Fragilité d’abord avec 14 % de la population, soit 8,5 millions de personnes, qui vivent sous le seuil de pauvreté, dont 3 millions d’enfants pauvres – soit un sur cinq –, alors même que notre pays est la cinquième puissance économique mondiale.

Fragilité aussi avec 3,4 millions de chômeurs, dont 545 000 jeunes de moins de 25 ans devant qui semblent se fermer les portes de la société.

Fragilité avec les emplois précaires qui se multiplient, rendant l’avenir si incertain pour ceux qui les occupent.

Fragilité ensuite avec la fracture territoriale entre les villes centres et les banlieues populaires : celles de la France périphérique concentrent toutes les difficultés sociales.

Fragilité aussi avec le communautarisme, qui risque de fragmenter la société en entités particulières repliées sur elles-mêmes.

Fragilité, enfin, avec le retour du racisme, du rejet d’autrui, de slogans de haine hérités des années trente, et l’essor de partis extrémistes qui pratiquent systématiquement la démagogie et exploitent les pulsions collectives.

Avec le lien social ainsi distendu, la société française est devenue inquiète, anxieuse même, s’interroge, se défie et s’alarme.

Dans un tel contexte, la mission essentielle du Gouvernement est de rassembler la nation, en recherchant le consensus, en surmontant les conflits et les tensions.

L’objectif est d’aller vers une société plus apaisée et plus unie, une société de concorde où l’on dialogue, où l’on débat et où l’on échange.

Pour cela, il faut, comme toujours, en revenir aux fondamentaux, c’est-à-dire aux valeurs républicaines : justice et progrès, égalité des chances sans distinction d’origine, refus des discriminations, tolérance et respect de chacun, laïcité pour être ensemble, quelles que soient les appartenances confessionnelles, fraternité pour bâtir une société plus solidaire et plus humaine.

Sur ces bases, notre pays peut retrouver la conscience commune d’un destin commun, ce désir de vivre-ensemble par lequel on définit souvent une nation.

Sur ces bases, monsieur le Premier ministre, vous pouvez ouvrir des perspectives, préparer l’avenir, selon la formule de Pierre Mendès France, et porter un nouvel espoir.

1 commentaire :

Le 17/09/2014 à 11:31, laïc a dit :

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"Mais il s’agira d’un soutien lucide et réfléchi. Nous nous prononcerons texte par texte, cas par cas, sans vote automatique ni mécanique, comme nous l’avons d’ailleurs fait ces derniers mois"

Je n'avais pas lu la suite de l'intervention, je retire donc mon précédent commentaire...

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