Intervention de Véronique Besse

Séance en hémicycle du 16 septembre 2014 à 15h00
Déclaration de politique générale du gouvernement débat et vote sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVéronique Besse :

Monsieur le Premier ministre, j’aurais aimé vous souhaiter bonne chance, j’aurais aimé vous encourager. Comme des millions de Français, j’aurais aimé croire à cette réussite française que nous espérons tous. Hélas ! Force est de constater que vous êtes à bout de souffle, et que vous vous entêtez.

Cinq mois, telle est la durée de vie de votre premier gouvernement : un fait révélateur. Et il y a cinq mois, voici ce que vous nous disiez, à cette même tribune, lors de votre première déclaration de politique générale : « […] il faut se concentrer sur l’essentiel. Et l’essentiel, c’est de redonner confiance aux Français dans leur avenir. »

Or, qu’avez-vous fait ces cinq derniers mois ? Vous avez fait l’inverse ! Et c’est bien la seule réussite que l’on ne peut vous retirer. Il faut arrêter de mentir aux Français. Reconnaissez-le : ce quinquennat est un fiasco. Aujourd’hui, les Français attendent autre chose que des discours. Les Français attendent autre chose qu’un aveu d’échec. Car cette nouvelle déclaration de politique générale, monsieur le Premier ministre, est un aveu d’échec, et même l’aveu d’un triple échec.

L’échec est tout d’abord économique. La dette de la France croît. L’euro pénalise nos entreprises, pénalise la France, essouffle notre croissance. Les entreprises étouffent sous le poids des charges, sous le poids de la paperasse. Et pendant ce temps, le chômage augmente. Il est temps d’arrêter de faire des moulinets ! Où en est la simplification administrative, dont on nous rebat les oreilles depuis des années ? On l’attend toujours ! Qu’en est-il de la baisse significative des charges pour les entreprises, notamment l’artisanat, les TPE et les PME ? Rien, il ne se passe rien. Pire : vous avez augmenté la taxation de secteurs prometteurs, mettant ainsi un coup d’arrêt à leur développement ; je pense en particulier aux services à domicile.

L’échec est par ailleurs social. Je m’appuierai sur quelques exemples. Concernant le logement, il faut revoir de fond en comble la loi pour l’accès au logement et un urbanisme rénové, la loi ALUR : dans toutes les communes de France, les Français ont du mal à se loger, les permis de construire sont à la baisse et ces nouvelles dispositions mettent en difficulté bon nombre d’artisans du bâtiment. S’agissant du pouvoir d’achat des Français, vous avez réussi à imposer les foyers les plus en difficulté. En ce moment même, les services fiscaux sont engorgés parce que beaucoup de Français n’ont pas les moyens de payer. Les jeunes, qui ont été sacrifiés, sont un autre exemple. Le nombre d’entrées en contrat d’apprentissage, notamment, n’a cessé de baisser en dépit de vos beaux discours.

Le constat ne s’arrête pas là. Prenons la réforme de la dépendance : des grandes déclarations ont été faites, mais les mesures contenues dans le texte sont largement insuffisantes pour relever le grand défi du vieillissement. On pourrait encore mentionner la réforme des retraites : vous n’avez même pas réussi à appliquer votre propre réforme, puisque seuls 15 % des décrets d’application ont été publiés.

Enfin, l’échec est d’ordre moral. Ce qui à mes yeux est un échec pour la France constitue en réalité votre seule réussite : vous vous êtes attaqués avec succès à tous les repères auxquels les Français sont attachés. Dans les pays en crise, et surtout dans ces pays-là, on a besoin de repères. Or, votre priorité absolue aura été non pas de sortir de la crise, de sécuriser les entreprises ou de développer les emplois, mais de tenter de faire table rase de tous ces repères, de tout remettre en cause.

Vous vous êtes attaqués à tout ce qui a une importance vitale pour les Français. Vous avez remis en cause la famille,…

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