Monsieur le ministre, on peut être passionné et néanmoins lucide et pragmatique. Pour ma part, je n'ai jamais considéré qu'il fallait adosser le CIF à la Caisse des dépôts et consignations. Comme l'a rappelé le président de la commission des finances, les fonds d'épargne sont là pour pourvoir au besoin de liquidités. C'est à un autre schéma qu'il faut s'atteler.
Il était possible de mettre en oeuvre une mesure de garantie de l'État au CIF tout en prenant une mesure conservatoire qui permettait d'envisager, au bout du compte, un autre montage. Ce qui me choque le plus, c'est qu'à compter du jour où la mesure a été annoncée par l'administration – couverte en cela par les ministres – on a fermé les écoutilles, on est devenu sourd et aveugle, on a considéré qu'il n'y avait pas de solution.
Permettez-moi de rappeler ce qui n'est peut-être qu'une anecdote. En 1989, j'ai été élu président de la fédération nationale des sociétés coopératives HLM, l'une des cinq familles de l'Union sociale pour l'habitat. J'étais un militant de l'économie sociale, j'avais foi dans la valeur des hommes qui s'associent dans les mutuelles, dans les associations ou dans les coopératives, solidaires avant l'heure. Le lendemain de mon élection, j'ai trouvé sur mon bureau un rapport de M. Dubesset, inspecteur général des Ponts, qui condamnait le mouvement et ne voulait plus entendre parler de l'accession sociale à la propriété.
Celle-ci continue de prospérer – au grand dam, peut-être, de certains. J'aime à taquiner les conseillers qui se trouvent assis derrière le ministre…