Monsieur le ministre, face à votre devoir d'optimisme, je réclame un droit à l'inquiétude. Il semblerait qu'à l'heure où nous parlons, l'Espagne, dans la partie de bras de fer qu'elle a engagée avec Mme Merkel, soit sur le point de récuser son appel à l'aide aux fonds européens.
J'aimerais en savoir un peu plus sur les cercles que vous avez évoqués. Sans porter préjudice à la discrétion à laquelle vous êtes tenu, pouvez-vous nous dresser un état des divergences et des convergences de ces cercles européens ? Aujourd'hui, le dialogue a sans doute été plus ouvert, moins vertical, grâce à l'introduction dans le dialogue franco-allemand d'interlocuteurs de poids, comme Mario Monti.
Ma deuxième question concerne l'union bancaire. La supervision est un idéal qu'on ne peut que partager, mais il ne suffit pas de dire « supervision ! » pour l'appliquer aux 6 200 banques concernées. Il est intéressant de savoir que les Allemands ont accepté d'en étendre le champ à leurs banques régionales, pour autant je ne suis pas totalement rassuré sur sa faisabilité, même en prenant appui sur les parlements. Quand les modalités techniques de la supervision bancaire seront-elles précisées et à quelle échéance le système pourra-t-il être lancé ?
Ces informations me paraissent d'autant moins négligeables qu'une incertitude pèse sur une autre échéance. Les taux d'intérêt, même en ayant baissé, sont encore fort élevés et des divergences considérables existent au sein de l'Europe – l'Allemagne et l'Italie sont régulièrement mises sur le devant de la scène. Quand, d'un côté, certains empruntent à des taux négatifs à court terme pendant que d'autres sont à plus de 5 %, ce n'est pas tenable ! Combien de temps encore va durer cette négation du principe européen ?
Le temps des réponses ne peut pas être celui des annonces. Quand il faut reconstituer un État, comme en Grèce, quand il faut imposer l'État, comme en Italie du Sud, quand il faut faire des réformes structurelles qui ne peuvent en aucun cas donner de résultats à court terme, y compris en France, il faut fixer des échéances. Ces échéances de progression nécessaire dans le parcours menant aux convergences bancaires, financières, budgétaires, économiques vont-elles être précisées dans un agenda ?