Le PEAD, bien que représentant seulement 1 % du budget de la PAC, est une question politique fondamentale, et vous avez eu raison de la traiter comme telle. Créé en 1987, sur une idée de Coluche mise en pratique par Jacques Delors, c'est l'une des rares politiques européennes concrètes de solidarité clairement identifiées par les citoyens européens. Dix-huit millions de personnes dans dix-neuf États membres bénéficient aujourd'hui de ce programme. La France en est, après la Pologne et l'Italie, le troisième pays bénéficiaire, avec quatre millions de bénéficiaires pour un montant total de 78 millions d'euros. 25 % à 55 % des ressources des associations d'aide alimentaire comme les Restos du coeur, la Banque alimentaire, la Croix-Rouge, le Secours populaire…. proviennent du PEAD.
La forte mobilisation consécutive à la décision de la Cour de justice européenne avait permis d'obtenir un sursis en 2012 et 2013. Elle ne doit pas se relâcher. 80 % des eurodéputés se sont prononcés en faveur du maintien de ce programme. La plupart des gouvernements y sont favorables également et tous les gouvernements français ont jusqu'à présent oeuvré en ce sens. Il faut s'efforcer d'obtenir l'adhésion des États membres qui, depuis l'origine, sont réservés sur ce programme : l'Allemagne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, le Danemark, la Suède et la République tchèque. Peut-être la France pourrait-elle essayer de convaincre l'Allemagne qui connaît, comme les autres pays d'Europe, une forte montée de la précarité et de la pauvreté et où l'on dénombre aujourd'hui huit millions de travailleurs pauvres, qu'elle aurait intérêt non seulement à ce que ce programme soit maintenu mais même à y adhérer. En tout état de cause, le PEAD doit rester dans le cadre de la PAC.