Intervention de Matthias Fekl

Réunion du 17 septembre 2014 à 17h00
Commission des affaires économiques

Matthias Fekl, secrétaire d'état chargé du commerce extérieur, de la promotion du tourisme et des Français de l'étranger :

J'étais votre collègue il y a encore moins de quinze jours, et j'ai toujours été partisan d'un parlement fort, tant dans son rôle législatif que dans sa fonction de contrôle et d'évaluation. Je resterai fidèle à cette philosophie dans le cadre de mes nouvelles responsabilités. J'ai d'ailleurs toujours pris un grand plaisir, voire un malin plaisir, à auditionner les ministres. Je suis très heureux de m'exprimer aujourd'hui devant vous, même si je fais beaucoup moins le malin ! (Sourires.)

Mon action est cohérente avec celle du ministre de l'économie et s'inscrit dans le cadre de la politique menée par le Gouvernement. Je reviendrai devant vous détailler ma feuille de route, qui s'inspire d'ailleurs pour partie de travaux parlementaires récents ou en cours, dont j'ai pris connaissance avec beaucoup d'attention et d'intérêt. Plus je pourrai nourrir ma réflexion de vos propositions, de vos retours de terrain, de vos idées et de vos initiatives, plus cela renforcera la cohérence et le caractère pragmatique de mon action. Je suis dès aujourd'hui à votre disposition, avec toute mon équipe.

Mon portefeuille comprend trois domaines : le commerce extérieur, la promotion du tourisme et les Français de l'étranger. Ce dernier domaine ne relève pas directement de votre commission, mais je tiens à le mentionner car, partout dans le monde, les Français de l'étranger sont des ambassadeurs et des vecteurs d'influence, qui favorisent le commerce extérieur et le tourisme.

Nous sommes tous conscients de nos difficultés en matière de commerce extérieur : notre déficit a dépassé 61 milliards d'euros en 2013 et s'inscrit dans une tendance lourde. Il y a là un défi à relever pour notre pays. Ainsi que vient de l'indiquer le ministre de l'économie, l'action que nous déployons pour conquérir des marchés extérieurs doit être cohérente avec la politique que nous menons en interne pour redevenir compétitifs. Emmanuel Macron reviendra de manière plus approfondie sur ces réformes.

Certains secteurs de notre économie fonctionnent très bien et conquièrent des parts de marché, entre autres l'aéronautique, l'agroalimentaire et l'industrie pharmaceutique. J'ai inauguré la semaine dernière une nouvelle unité de production de Sanofi Pasteur à Val-de-Reuil, en Normandie, où seront mis au point et fabriqués des vaccins contre la dengue et d'autres pathologies dévastatrices.

Cependant, de nombreux autres secteurs connaissent des difficultés. Nous devons les conforter partout où le besoin s'en fait sentir. À cet égard, je poursuivrai l'action menée par mes prédécesseures, Nicole Bricq et Fleur Pellerin. Le commerce extérieur n'est pas une abstraction ou une simple question de grands équilibres : il s'agit d'aider concrètement les entreprises présentes dans tous nos territoires, souvent des petites et moyennes entreprises (PME), qui souhaitent exporter et conquérir des marchés à l'international. En France, l'export reste concentré entre trop peu de mains. En Allemagne ou en Italie, le nombre de PME exportatrices est largement supérieur. Mais il n'y a pas de fatalité : il faut que nous puissions aider nos PME à exporter, où qu'elles se trouvent sur le territoire.

Tel est le sens de la réforme en cours des opérateurs. Je salue la grande qualité du travail fourni par les équipes compétentes en matière de commerce extérieur, tant par les directions de Bercy que par celles du Quai d'Orsay. Le Gouvernement a voulu une nouvelle organisation : l'action extérieure de la France est désormais placée dans son ensemble sous l'autorité du ministre des affaires étrangères et du développement international, Laurent Fabius. Comme vous l'avez souligné, monsieur le président, les ministères des affaires étrangères et de l'économie travaillent ensemble, et toutes les directions concernées se battent aux côtés de nos entreprises pour les aider à exporter.

Nous avons de nombreux défis à relever pour positionner notre pays dans les chaînes de valeur mondiales, aider à la montée en gamme de notre économie et favoriser les exportations. Nous allons mener cette action avec les opérateurs du commerce extérieur et les régions. À cet égard, je n'oublie pas mon expérience de vice-président du conseil régional d'Aquitaine chargé du développement économique. Je suis convaincu que l'État ne sera efficace que s'il s'appuie sur les collectivités territoriales. Celles-ci ne sont pas simplement, loin de là, des entités qui mettent en oeuvre des politiques : elles ont leurs propres priorités, leur ciblage, une proximité avec les entreprises et une capacité à les accompagner à l'export. Nous devons être capables de travailler avec l'ensemble des acteurs : régions, petites et moyennes entreprises, entreprises de taille intermédiaire (ETI). Tel sera mon état d'esprit.

Il convient de définir des priorités géographiques. Je suis prêt à accompagner les entreprises dans toutes les parties du monde où il existe des enjeux. Je souhaite maintenir les familles prioritaires pour l'export : Nicole Bricq et Fleur Pellerin ont fourni un travail considérable en la matière, afin de donner de la visibilité à l'offre française, notamment à nos secteurs d'excellence.

La défense de nos positions à l'international passe aussi par une présence active dans les négociations commerciales internationales. Certaines sont sur le point d'aboutir, d'autres vont s'ouvrir prochainement. Comme mes prédécesseurs, je serai à la disposition des commissions parlementaires compétentes pour faire le point régulièrement sur l'avancée des négociations et répondre à toutes vos questions. La plus grande transparence démocratique me paraît requise : le Parlement doit être non seulement pleinement informé, mais aussi totalement saisi de ces questions. Je souhaite associer également la société civile, qui doit pouvoir s'approprier pleinement les enjeux de ces négociations. Cette philosophie a d'ailleurs inspiré l'une de mes toutes premières décisions : j'ai écrit à la Commission européenne pour lui demander, au nom de la France, d'être transparente sur les mandats de négociation qu'elle a reçus pour mener les négociations commerciales en cours, notamment avec les États-Unis. Cela répond à des demandes très fortes de votre part et de la société civile. À l'ère de la transparence et de la participation, il ne peut plus y avoir de mandats de négociation secrets ! J'aurai, en outre, le souci de la réciprocité. La France restera une puissance favorable au multilatéralisme, mais elle doit défendre ses intérêts et faire respecter ses lignes rouges dans un certain nombre de négociations, par exemple en matière d'agriculture ou de diversité culturelle, ainsi que l'a rappelé le Premier ministre.

S'agissant du tourisme, la France est incontestablement le plus beau pays du monde et cela se sait ! Mais nous ne devons pas nous reposer sur cet acquis. L'un des enjeux est de continuer à valoriser notre offre, tout en tenant compte des nouvelles formes de tourisme qui émergent. D'après toutes les évaluations, les flux touristiques doubleront à l'horizon 2030. Nous devons nous inscrire dans les nouvelles tendances et être présents dans les salons, afin de capter une partie de ces flux. Nous devons aussi faire en sorte que les touristes restent plus longtemps dans notre pays et y dépensent davantage d'argent.

Mon travail, je le répète, est cohérent avec celui du ministère de l'économie. Le Gouvernement a souhaité moderniser l'action économique extérieure de l'État, en plaçant la diplomatie économique et l'attractivité au coeur de notre politique d'influence. Je salue l'implication des directions dans cette réforme très importante. Encore une fois, je me tiens à votre entière disposition pour répondre à vos questions. Je souhaite travailler avec vous et m'inspirer, en citant mes sources, des excellentes idées qui sont nées ou naîtront dans le cadre de vos travaux.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion