Intervention de Jean-Noël Carpentier

Réunion du 17 septembre 2014 à 16h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Noël Carpentier :

Au nom du groupe RRDP, je vous souhaite la bienvenue, madame la ministre de l'éducation nationale, et je vous exprime notre total soutien face aux attaques injurieuses et malfaisantes dont vous avez été la cible ces dernières semaines, qui ne grandissent pas ceux qui les profèrent et ceux qui les relaient. Dans le contexte actuel où la crise bouscule les comportements et aiguise les tensions sociales, la responsabilité de chacun est engagée, surtout lorsque l'on est un responsable politique. J'espère que la raison va reprendre le dessus.

Madame la ministre, l'éducation est une préoccupation majeure de nos concitoyens. Assurer l'avenir des jeunes générations est un objectif central autour duquel la nation peut se rassembler. Dans ces moments difficiles pour le pays, les inquiétudes sont grandes. Chaque jour, des millions de Français sont confrontés à des difficultés induites par la crise, telles que le chômage, l'insécurité ou la baisse du pouvoir d'achat. L'école doit être un vecteur d'espoir pour eux. Aussi doit-elle être aux côtés de tous, quelle que soit leur diversité de culture, d'origine et de niveau social. Notre école, l'éducation nationale et votre ministère ne doivent pas décevoir cet espoir.

Pourtant, malgré les efforts des enseignants et des élus locaux, malgré les efforts budgétaires consentis par notre majorité, le système scolaire français ne fonctionne pas bien. Comme vous l'avez souligné, l'enquête PISA démontre clairement que nos élèves ont des difficultés et que notre pays prend du retard sur ses voisins. C'est inquiétant.

Dans le domaine de la compréhension de l'écrit, des mathématiques et des sciences, le niveau de la France est moyen, voire faible. Mais le plus frappant, le plus meurtrier pour nos consciences dans cette enquête, c'est qu'elle montre que notre école est devenue socialement très inégalitaire, au point de compromettre, à terme, notre pacte républicain. Au fil des années et en raison des disparités sociales, le modèle français s'est mis à ne plus fonctionner ; il montre désormais ses limites. L'un des objectifs de la loi pour la refondation est d'engager les réformes nécessaires. Nous aimerions donc vous entendre, madame la ministre, sur ce sujet de l'égalité dans notre système scolaire.

S'agissant de la rentrée, le groupe RRDP n'a pas de conseils à donner mais il souhaite que nous sortions au plus vite de la polémique stérile sur les rythmes scolaires, dont nous venons encore d'avoir un exemple. Bien sûr, il faut faire des ajustements et des adaptations, en parfaite concertation avec les élus locaux, mais nous devons dorénavant nous concentrer sur le fond de la réforme car il y a beaucoup à faire.

En matière d'élaboration des programmes scolaires, la qualité doit primer sur la quantité. Trop chargés et trop théoriques, ces programmes privilégient trop le dogme de la note. J'aimerais connaître votre opinion sur ces deux sujets.

De même, si les programmes doivent évoluer, il faut aussi que les enseignants soient bien formés, mieux préparés. La formation continue des professionnels est une donnée majeure pour réussir l'école de demain et, en ce domaine, la France a aussi du retard. Madame la ministre, quels enseignements tirez-vous de cette rentrée et d'une année de fonctionnement des écoles supérieures du professorat et de l'éducation ?

La nécessaire revalorisation du métier d'enseignant passe par une reconnaissance, notamment salariale. Certes, le climat difficile ne s'y prête guère, mais nos fonctionnaires de l'éducation, que l'on n'appelle plus les hussards noirs, doivent être appuyés par la société dont ils sont un pilier.

Enfin, cette refondation de l'école implique une large concertation pour unir davantage les familles aux enseignants, à l'école. Les changements de programmes et d'organisation du temps de travail doivent se mettre en place au plus près du terrain, c'est-à-dire des parents et des enseignants qui sont les premiers concernés. C'est la meilleure méthode pour réussir la refondation. Les parents, usagers du service public, doivent être continuellement associés aux prises de décisions, grâce à la création de structures de concertation nouvelles aux niveaux local et national. Madame la ministre, quelles sont vos intentions dans ce domaine ?

Notre majorité, même traversée de débats, peut être fière de ce qu'elle construit pour notre école. Tout ne se fera pas en un jour ni avec une baguette magique, mais cette politique diffère assurément de celle conduite sous l'ancienne majorité de droite. Il faut qu'elle se poursuive et se renforce. Il en va de la réussite de nos enfants, du redressement du système éducatif dans son ensemble, et aussi de l'espoir à redonner à notre peuple.

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