Certains de nos collègues imaginent que les centrales nucléaires seront toujours là et que l'on n'a pas à se poser la question du coût de leur prolongation ou de leur remplacement, comme si ces installations ne vieillissaient pas. Or l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a plusieurs fois montré que rien n'était acquis concernant la prolongation de la vie des réacteurs nucléaires au-delà de quarante ans. Aujourd'hui, la plus vieille centrale nucléaire du monde a quarante-cinq ans : nous n'avons aucun retour d'expérience sur l'état d'une centrale de cinquante ou soixante ans. On n'a aucune information sur la résistance des cuves, qui ne peuvent pas être changées.
Le coût a été chiffré par la Cour des comptes : pour maintenir en activité des réacteurs jusqu'à quarante ans, il faut sortir 110 milliards – c'est le grand carénage. Il faudra prévoir des coûts supplémentaires si l'on prolonge les réacteurs au-delà de quarante ans. L'ASN a indiqué que, si elle autorisait une telle prolongation, il faudrait que le référentiel de sûreté de ces réacteurs soit à peu près équivalent à celui de l'EPR. Cela entraînera donc des dépenses significatives. Aussi, ne dites pas que maintenir le parc nucléaire tel qu'il est ne coûte rien. Vous évoquez toujours le coût d'une fermeture, mais le maintien du parc va coûter encore plus cher !
La question de l'indemnisation se pose en fonction de la loi et des durées d'autorisation de fonctionnement, soit, au maximum, dix ans.
Nous serons moins vulnérables si nous dépendons à 50 % d'une même technologie, plutôt qu'à 78 %. Les réacteurs de nos centrales sont tous identiques : l'avantage, c'est que les coûts de construction ont pu être diminués ; l'inconvénient, c'est que, si on leur trouve des défauts génériques, on risque d'être obligés d'en fermer plusieurs à la fois. C'est en tout cas l'opinion du président de l'ASN.