Avis défavorable. La stratégie d'obstruction qu'adopte l'opposition ne rend pas service à EDF, qui devra tôt ou tard s'engager dans la transition énergétique. Pourquoi prétendre que le nucléaire restera l'énergie la moins chère et que de nombreux pays étrangers continueront de nous acheter des centrales ? C'est faux. EDF ne persistera à trouver des marchés internationaux qu'en mêlant le nucléaire aux énergies renouvelables dans le mix énergétique.
Le groupe se fragilise quand il refuse d'investir en France dans les énergies renouvelables, alors qu'il le fait à l'étranger, puisqu'il a construit avec son homologue brésilien la centrale photovoltaïque du grand stade de Rio. Il ne continuera à vendre de l'énergie nucléaire que s'il propose aussi de la performance énergétique, des services énergétiques et des énergies renouvelables.
Les ingénieurs français ont été des pionniers en matière de solaire et d'éolien, mais, pour n'avoir investi que dans le nucléaire, nous avons perdu cette avance. N'aurions-nous effectué, depuis les années soixante-dix, que 10 % des investissements dans les énergies renouvelables, que nous serions très bien placés au niveau mondial. Malheureusement, il n'y a pas eu de débat. Les décisions ont été prises de manière unilatérale.
Aujourd'hui, il revient au Parlement d'être visionnaire et d'encourager les opérateurs, les petites entreprises comme les grands énergéticiens, les ouvriers comme les ingénieurs. Je ne blâme pas ceux d'entre eux qui adoptent une posture corporatiste, parce qu'ils ont du mal à imaginer l'avenir, mais notre rôle est justement de les entraîner. Le prix des énergies renouvelables, encore élevé, baissera tôt ou tard. Pour avoir eu la chance d'entendre des chefs d'État et de gouvernement s'exprimer sur le sujet, je sais que la compétition industrielle mondiale est lancée.
La sécurité nucléaire dont nous disposons nous permet de penser la transition énergétique en toute sécurité. Profitons de cette chance. Faute d'avoir investi il y a quinze ans dans la voiture électrique réalisée par Peugeot, nous avons été dépassés par les Chinois. Ne répétons pas cette erreur : notre responsabilité, au-delà des clivages politiques, est de pousser la transition énergétique.
Quand nous avons lancé les appels à projets sur l'éolien offshore, qui représente un marché considérable, EDF n'était pas à l'offensive. Les ingénieurs doivent penser la mutation de leur métier. À l'échelle planétaire, il y aura bientôt 450 centrales à démanteler. Qui peut mieux se positionner sur ce créneau que ceux qui ont construit les centrales ? Si, pour des raisons idéologiques, nous faisons du démantèlement un sujet tabou, nous perdrons aussi ce marché, ce qui, je le répète, ne rendra pas service à la France.