Je regrette que notre groupe ne puisse défendre l'amendement CS1462, dont Mme Duflot est la seule signataire et qui tend à porter la part du nucléaire dans la production d'électricité à 0 % en 2040. Les écologistes n'ont pas changé de point de vue à cet égard. Compte tenu du coût des nouvelles centrales, l'histoire nous donnera probablement raison.
À en croire nos collègues de l'UMP, Mme Merkel serait si mauvaise en économie que nous pourrions lui donner des leçons. Je tiens à rectifier les chiffres qu'ils agitent. L'Allemagne a créé 400 000 emplois dans les énergies renouvelables. En France, il n'y a pas plus de 25 000 salariés qui travaillent dans des centrales nucléaires. Si l'on fermait un tiers d'entre elles, on ne détruirait pas plus de 8 000 emplois.
Ce n'est pas une raison pour le faire brutalement. Avec M. Brottes et M. Sordi, je suis allé rencontrer les ouvriers de Fessenheim, qui défendent légitimement leur outil de travail. En tant qu'élus, nous devons accompagner les restructurations industrielles et territoriales liées à la fermeture des installations nucléaires, mais nous savons que, même si celles-ci durent quarante, cinquante, voire soixante ans, elles devront tôt ou tard être fermées.
Je conviens que l'Europe a perdu, contre les Chinois, la bataille des panneaux photovoltaïques. Reste que ceux-ci ne produisent que 20 % de l'énergie solaire. Le travail d'installation, de réparation ou d'entretien, lui, n'est pas délocalisable. En Allemagne, 60 000 personnes travaillent dans le solaire, contre 10 000 en France, qui, cependant, est plus ensoleillée. Il existe donc un important gisement d'emplois dans ce secteur.
Auditionné par la commission d'enquête sur les coûts de la filière nucléaire, M. Oursel, président du directoire d'Areva, a confirmé que le business model du nucléaire s'érodait. Les activités sont de moins en moins rentables. Faute d'une reprise nucléaire au Japon, le cours de l'uranium a chuté, ce qui est plus grave pour Areva que pour EDF. Nous ne construisons plus de centrales nucléaires à l'étranger. Si le nucléaire fournit toujours 78 % de l'électricité française, il ne représente plus que 10 % de la production d'électricité mondiale, contre 20 % il y a dix ans. Sur le plan industriel, la France a tout intérêt à miser sur la diversification, au lieu de s'enfermer dans un secteur sans avenir.