Si nous voulions faire de l'obstruction, madame la ministre, nous nous y prendrions autrement ! Nous nous contentons pour l'instant de défendre une autre vision de la transition énergétique et d'appeler votre attention sur les conséquences budgétaires et sociales du projet de loi.
Je m'étonne de la charge que vous venez de mener contre EDF. Cette entreprise cotée en Bourse choisit sa stratégie en se positionnant, en accord avec ses actionnaires, sur certains marchés. Vous regrettez que Peugeot ne soit pas en tête dans le secteur de la voiture électrique. Quel rapport y a-t-il entre ce dossier et celui du nucléaire ou des énergies renouvelables ?
Vous nous accusez d'avoir une vision idéologique. N'est-ce pas plutôt le cas de ceux qui, sans aucun chiffrage, veulent démanteler, au profit d'industries massivement concentrées dans des pays très concurrentiels, le secteur nucléaire, dans lequel nous sommes en tête depuis cinquante ans et qui emploie chez nous des centaines de milliers de personnes ?
Notre désaccord porte moins sur l'objectif – il va de soi qu'EDF doit se diversifier – que sur la méthode. Faut-il clore en quinze jours le débat sur l'énergie et révolutionner en dix ans le modèle énergétique français ? La transition énergétique créera peut-être des centaines de milliers d'emplois, mais combien en détruira-t-elle ? On ne fermera pas vingt centrales nucléaires sans casse sociale ni dommage pour les territoires. La création de 50 000 à 70 000 emplois dans l'éolien ou le photovoltaïque ne permettra pas de reconvertir les 100 000 salariés que l'on aura mis au chômage.
Veut-on parler des coûts cachés ? Actuellement, 80 milliards d'euros d'engagement sur les énergies renouvelables sont financés par la contribution au service public de l'électricité (CSPE). Celle-ci, depuis dix ans, a considérablement augmenté, sa hausse annuelle ayant même atteint 100 %. À quel moment comprendrez-vous que la bulle va exploser et que ces investissements ne sont pas soutenables ?
Vous vous obstinez à répéter que le nucléaire n'est pas une énergie d'avenir. Pendant que nous réduisons la voilure, M. Cameron autorise l'installation de deux EPR au Royaume-Uni, avec l'accord du contribuable britannique et la bénédiction des autorités européennes, et les Chinois construisent des centrales. Si nous continuons ainsi, il sera difficile de vendre les nôtres à l'étranger ; or je doute que, dans dix ans, la France soit une grande exportatrice de photovoltaïque et d'éolien.