Je représente ici M. James Blateau, président de la Fédération française de gymnastique.
Les difficultés rencontrées par les clubs sont de trois ordres : financement, encadrement et management.
Les subventions publiques, on l'a dit, sont en baisse. Le CNDS, en particulier, recentre ses aides sur de plus gros projets. Peut-être cela évite-t-il le « saupoudrage », mais cela écarte aussi certaines associations. Un changement de modèle économique faisant plus appel au privé n'est guère envisageable pour la gymnastique. Notre sport est peu médiatique et nous avons du mal, tant au niveau des petites associations qu'à celui de la Fédération, à trouver des partenaires privés.
Nous avons par ailleurs relevé une légère baisse des prises de licence dans les villes où la réforme des rythmes scolaires a été mise en place. Sans doute les clubs se sont-ils trouvés quelque peu désorganisés, mais il est difficile de tirer des conclusions à ce stade.
Dans les 1 500 clubs de la fédération, 230 diplômes professionnels – certificats de qualification professionnelle, brevets professionnels et diplômes d'État – ont été délivrés pour la saison 2013-2014. En dépit de ce chiffre satisfaisant, le manque d'encadrants est flagrant. L'image de l'entraîneur exerçant en association, le travail le week-end, les salaires assez bas attirent peu de jeunes vers ce métier.
Nous sommes de plus confrontés à une fuite des encadrants de haut niveau vers des pays voisins comme la Suisse ou la Belgique, où on leur offre de meilleures conditions et de meilleurs salaires. Il arrive même que des cadres d'État, c'est-à-dire des fonctionnaires, se mettent en disponibilité ou démissionnent pour partir à l'étranger, tandis que des clubs français n'arrivent par à pourvoir des postes d'entraîneur.
La Fédération française de gymnastique regroupe 300 000 licenciés, soit une moyenne de 200 licenciés par club. Environ 600 clubs dépassent cette moyenne, cinq clubs ont plus de 1 000 licenciés et un en a 2 000. Il y a, comme au basket-ball, une tendance inquiétante à l'hypertrophie. Les structures qui avaient cinquante ou soixante licenciés il y a quinze ans se sont regroupées. Dans la même période, la Fédération, qui ne comptait que des bénévoles, s'est professionnalisée, mais cette tendance est parfois mal vécue par les bénévoles.
Les clubs sont devenus des entreprises associatives dont la gestion est souvent difficile à assurer pour le dirigeant principal.
Parmi les solutions que nous essayons d'apporter, nous avons créé un groupement d'employeurs propre à la Fédération, ce qui nous permet de créer des emplois à temps plein répartis sur deux ou trois associations. Certains clubs travaillant avec les missions locales, ils ont obtenu des emplois d'avenir – en dépit des travers de ce dispositif, notamment en matière de formation – dès l'année dernière.
Nous avons également diversifié nos activités. Il y en a maintenant quatre olympiques et quatre non olympiques, avec des activités de sport santé telles que la baby gym – qui représente à elle seule environ 90 000 licenciés – et la gym senior. C'est ce qui explique le doublement du nombre de licenciés en une quinzaine d'années.
Parmi les évolutions souhaitables, je partage ce qu'ont dit les participants au sujet de la reconnaissance des bénévoles. Lorsque l'activité bénévole est très importante, notamment dans les fédérations, pourquoi ne pas instaurer des jours de représentation, à l'instar du dispositif dont bénéficient les représentants syndicaux ?
Par ailleurs, les bons des caisses d'allocations familiales sont une formule efficace d'aide aux publics défavorisés. Les montants pourraient néanmoins être plus élevés.
Il serait également souhaitable d'aller plus loin dans l'accompagnement éducatif, en lien avec l'éducation nationale. De ce point de vue, le désengagement du CNDS représente une régression.
Le non-remboursement du certificat médical obligatoire constitue un vrai frein, même si les médecins délivrent souvent ce document gratuitement à l'occasion d'une visite. Je suis moi-même professeur d'éducation physique et sportive : lors des activités scolaires, les enfants n'ont pas besoin de certificat médical, mais ce n'est plus le cas pour les activités proposées dans le cadre de l'UNSS (Union nationale du sport scolaire), si bien que je perds nombre de mes élèves. Dans la ZEP (zone d'éducation prioritaire) où j'enseigne, il n'est pas toujours évident d'aller chez le médecin. Le coût de la consultation est un réel problème.
S'agissant de la simplification du traitement des dossiers, le numérique a aidé certains responsables. Mais dans d'autres cas – celui de nombreux retraités notamment –, il constitue un obstacle.
Enfin, ne pourrait-on étendre aux bénévoles encadrants la franchise sur les manifestations sportives donnant lieu à compétition dont bénéficient les guichetiers et les accompagnateurs ? Ce serait une bouffée d'oxygène.