Intervention de Bertrand Pancher

Séance en hémicycle du 7 octobre 2014 à 15h00
Transition énergétique — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBertrand Pancher :

Sur ce sujet passionnant, j’aimerais rappeler à mes collègues la genèse du développement de l’industrie nucléaire en France. Marcel Boiteux le raconte excellemment dans un ouvrage écrit voilà quelques années.

En 1973, il reçoit un coup de téléphone du secrétariat général du Gouvernement un samedi matin : on lui demande combien de réacteurs nucléaires il serait capable de construire en France. Il passe un coup de téléphone à ses collaborateurs – c’était à une époque où on travaillait encore le samedi matin. Il pensait pouvoir lancer sur le plan national deux à trois réacteurs par an. Il rappelle le secrétariat général du Gouvernement, estimant qu’il fallait réclamer deux fois plus que la quantité qu’il souhaitait obtenir et lance le chiffre sept. Deux jours plus tard, en conférence de presse, est annoncé un grand plan de construction des sept réacteurs nucléaires par an.

C’est ainsi qu’a été lancée l’industrie nucléaire en France, dans l’opacité la plus totale ; personne ne contestait alors cette orientation de notre pays sur le plan énergétique. Cependant, des années plus tard, on paie tout cela très lourdement, parce que personne ne s’est approprié cette production énergétique sur le plan national. C’est sans doute la raison pour laquelle on peut difficilement parler ouvertement de cette grande production énergétique dans notre pays.

Par conséquent, défendre la prolongation de la durée de vie de l’ensemble des centrales nucléaires en France par voie d’amendement ne me paraît pas sérieux. Une telle décision nécessite la tenue d’un grand débat public. Si les membres de ma formation politique ne font pas partie de ceux qui militent contre la poursuite du développement du nucléaire dans notre pays, ils estiment néanmoins que nous devons prendre notre temps pour mesurer les risques potentiels et bien peser le coût des investissements nécessaires avant de faire notre choix.

Des membres de nombreux groupes politiques présentent ce même amendement. J’aimerais savoir qui en est spontanément à l’origine.

En tout état de cause, je mets en garde celles et ceux qui veulent régler ce problème important par voie d’amendement. En plein débat, on déciderait ainsi de poursuivre la durée de vie de tel ou tel équipement ! Ce serait assez audacieux de la part d’un parlement. Je reste cependant convaincu que nos collègues ont évidemment bien travaillé ce dossier.

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