Parmi les priorités de la Présidence de l'Union européenne, à côté de l'économie verte, du « verdissement » du semestre européen et de l'objectif de porter le Conseil Environnement au même niveau que les conseils Écofin ou Affaires sociales, nous avons introduit la volonté d'avancer dans la mise en oeuvre de la CDB.
Notre approche part de la situation italienne, relativement favorable. L' Italie compte vingt-quatre parcs nationaux, des centaines de parcs régionaux et de zones de réserve, et nous nous efforçons de protéger la biodiversité, avec l'aide de la Commission européenne. Nous avons ainsi fait avancer notre pays et sommes heureux de partager avec vous des initiatives, dans le parc historique du Grand Paradis, dans le parc du Mercantour ou encore dans celui de la Vanoise. Nous avons réussi à réintroduire l'ours dans les Alpes, à gérer les loups de façon durable, à réintroduire l'ibex, tout en ayant devant nous le défi des abeilles et des lucioles.
Nous sommes en train d'essayer de donner à tout cela une valeur économique et d'identifier un développement de notre production fondé sur les services écosystémiques et de la biodiversité.
S'agissant de la prochaine CdP, la question financière du développement des ressources est très difficile. Dans ce domaine, dans lequel l'Europe joue un rôle d'avant-garde, nous avons trois types d'objectifs.
Premièrement, au plan international, il est prévu de multiplier par deux l'effort de solidarité internationale en 2015 par rapport à 2006-2010. Mais le Danemark, les Pays-Bas et la Norvège, qui consacrent 1 % du PIB à l'aide aux pays en développement, avec une composante biodiversité importante, devraient-ils procéder à un tel accroissement ? Et Pourquoi l'Italie, qui part d'un faible taux de 0,14 %, devrait-elle être soumise à la même règle, ce qui serait pour elle plus facile, même si sa situation économique est délicate ? Nous sommes tous dans une position très défensive vis-à-vis de la biodiversité et beaucoup de pays européens pensent qu'on est déjà allé trop loin, il y a deux ans, en Inde, lors de la CdP précédente, et qu'il ne faut pas en faire davantage.
Deuxièmement, au plan national, les textes sont très vagues, parlant d'« accroissement substantiel » et de mobilisation de toutes les ressources de tous les porteurs d'intérêt, ce qui ne responsabilise ni les pays ni les acteurs. Compte tenu de l'état des négociations internationales, il est probable que nous ne serons pas capables d'aller plus loin. Reste que l'introduction d'un objectif national permet de coresponsabiliser les pays en développement et les pays industrialisés.
Troisièmement, il est nécessaire d'intégrer la biodiversité dans les décisions d'investissement, de planification, de stratégie, de préparation des lois ou des directives européennes, afin de donner une valeur à la biodiversité et aux écosystèmes et de les introduire dans la comptabilité nationale et des entreprises. Nous devons joindre l'effort de la communauté de la biodiversité avec celui des communautés du climat, des statisticiens nationaux, des comptables environnementaux, aux Nations unies et dans l'Union européenne, afin de disposer de meilleurs outils de mesure, de façon que les comptes publics et privés prennent en considération ces valeurs oubliées.