…est le suivant : le travail est un gâteau qui se partage, et la part que n'auront pas certains sera allouée à ceux qui frappent à la porte du monde du travail. Ce raisonnement est erroné, car il n'y a pas de fluidité du marché du travail.
Je vous en donne des exemples très concrets. Le chef de cette entreprise qui emploie des chauffeurs de poids lourds, qui compte 450 salariés et recourt massivement aux heures supplémentaires, m'a indiqué que, lorsqu'il se rend à Pôle emploi, il ne trouve pas de chauffeurs de poids lourds à recruter. Lorsqu'il en trouve, ce sont des chauffeurs qui ont perdu des points sur leur permis de conduire, ce qui crée une difficulté évidente.
Autre exemple tout aussi concret, on ne trouve pas, dans ma circonscription, de soudeurs. Les entreprises placent donc des calicots le long des routes pour indiquer qu'elles en cherchent ; s'il s'en présente, ils sont embauchés dans l'instant. Cette situation dure depuis plusieurs années et nécessite que l'on recoure aux heures supplémentaires. Il n'y a pas de fluidité du marché du travail.
Troisième exemple, on ne trouve pas d'infirmières, qu'il s'agisse d'infirmières exerçant en clinique, à l'hôpital ou à titre libéral. Il faut donc faire travailler un peu plus celles qui sont déjà sur le marché, d'où le recours aux heures supplémentaires.
Sortons donc, mes chers collègues, d'une vision théorique. Sortons d'une vision contingentée du travail. Prenons acte de la réalité. Constatons, hélas, que les chefs d'entreprise, pour certains métiers, ne trouvent pas de salariés à recruter, tandis que des salariés exerçant d'autres métiers ne trouveront pas de chefs d'entreprise qui les embauchent. C'est ainsi. Telle est la réalité du monde du travail. Pour y faire face, conservons des instruments de flexibilité, en particulier les heures supplémentaires.