Intervention de Éric Alauzet

Réunion du 15 octobre 2014 à 9h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Alauzet :

En matière de politique familiale, la mesure la plus sensible est la suppression de la majoration des allocations familiales pour les adolescents entre quatorze à seize ans. À la différence des aides ponctuelles, comme la prime à la naissance, cette mesure représente l'amputation d'un revenu mensuel pendant vingt-quatre mois. De plus, le principe de l'universalité de l'allocation me paraît très important, dès lors que l'on a touché par deux fois au quotient familial et qu'on n'oserait plus le faire, car l'opposition ne manquerait pas de réagir vivement. En règle générale, il faut éviter de multiplier les mesures de rabotage, et se concentrer sur les mesures structurelles.

Cependant, nous n'explorons pas assez les possibilités d'économies dans le champ des prescriptions médicamenteuses et des examens complémentaires. En tant que professionnel, j'ai pu constater que des examens complémentaires avaient été prescrits de façon excessive. Un cardiologue me disait il y a quelques jours que neuf scintigraphies cardiaques sur dix n'étaient pas justifiées.

Le président Gilles Carrez est revenu sur la généralisation du tiers payant pour les consultations médicales. J'entends cette petite musique, qui accompagne bien les couplets sur la déresponsabilisation et l'assistanat. Mais j'ai pu constater que la CMU n'avait pas nécessairement entraîné de consultations supplémentaires. Les abus viendront davantage des professionnels que des patients. Quand un patient se rend à une visite de contrôle qui dure une ou deux minutes, le médecin n'ose pas demander le paiement d'une consultation supplémentaire. Dès lors que le tiers payant aura été mis en place, il ne se gênera pas. D'ailleurs, je rappelle que les usagers ne sont responsables que de 17 % de la fraude sociale, contre 83 % pour les professionnels. Évitons, en abordant cette question, de sombrer dans la démagogie.

Je ne suis pas un fervent partisan du tiers payant, mais il présente un intérêt pour les jeunes, notamment les étudiants. En outre, nombre de nos concitoyens préfèrent se rendre directement à l'hôpital où ils n'ont pas à faire l'avance des frais : la généralisation du tiers payant pour les consultations médicales les inciterait peut-être à aller consulter un médecin dans un cabinet.

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