Intervention de Jacqueline Fraysse

Réunion du 15 octobre 2014 à 16h00
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacqueline Fraysse :

Madame la rapporteure, vous avez acquis de précieuses compétences en matière de politique familiale, depuis des années. Mais je rejoins notre collègue Denis Jacquat lorsqu'il suggère que vous auriez vivement protesté, et avec raison, si une mesure de ce genre avait été présentée lorsque vous étiez dans l'opposition.

Sur le fond, les allocations familiales n'ont pas de vocation redistributive, contrairement à l'impôt sur le revenu. Au demeurant, le Gouvernement avait pris l'engagement de n'y pas toucher. Une vraie politique de gauche en faveur de la justice sociale consisterait à remettre à plat, à revoir le barème de l'impôt sur le revenu. Mais le Gouvernement refuse jusqu'à présent de traduire ces promesses en actes.

Quant à la présente mesure, elle a pour seul objectif de faire des économies. Vous vous efforcez d'arrondir les angles, pour qu'elle fasse moins mal à ceux qui souffrent le plus. Mais, en réalité, vous remettez en cause l'universalité des allocations, qui n'ont, je le répète, pas de vocation redistributive, même si elles peuvent effectivement atténuer les inégalités sociales.

Aussi n'est-il pas illogique – cela n'a rien d'une illusion ni d'une illumination – d'imaginer que l'universalité des prestations puisse être remise en cause dans d'autres domaines également, tel que le domaine de la santé. Les remboursements aux patients auraient alors lieu en fonction des ressources. Du reste, le mouvement n'est-il pas d'ores et déjà plus ou moins enclenché avec les mutuelles complémentaires ? Les plus riches peuvent s'offrir les complémentaires les plus chères, celles qui couvrent tout. Et ceux qui ne le peuvent pas ? C'est bien pour cette raison que la couverture maladie universelle complémentaire (CMUC) a été mise en place. Cela n'a donc rien d'une illusion. Même si la famille et la santé ne sont pas la même chose, cet article n'en ouvre pas moins la voie à une autre philosophie et à un autre modèle social que celui que nous connaissons. On peut évidemment en débattre mais, pour ma part je m'y opposerai résolument. Par conséquent, il n'est pas question de retirer mon amendement de suppression.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion