Le fait de diffuser aussi en anglais et en arabe est-il bénéfique pour France 24 dans sa version française ? C'est difficile à mesurer, notamment parce que le pôle arabophone est relativement récent. Il s'est beaucoup développé au cours des deux dernières années et le « printemps arabe » a joué un rôle considérable. Comme je l'ai déjà indiqué, la diffusion en français et celle en arabe présentent des différences, notamment en matière de contenus. Il est probable, mais ce n'est pas certain, que la diffusion en français bénéficie de celle en arabe, notamment en Egypte et au Liban. On sait qu'il s'agit d'une télévision française.
Par ailleurs, dans la mesure où les jeunes du Maghreb parlent moins français qu'avant et où, plus généralement, notre langue a beaucoup reculé au Proche-Orient, la diffusion en arabe présente une véritable utilité. Est-ce le cas pour l'anglais ? On nous a dit qu'il était indispensable de diffuser en anglais pour être repris dans les grands médias internationaux tels que CNN. Mais est-ce nécessairement l'objectif ? Je continue à me demander si la diffusion de France 24 en anglais s'impose. Le fait qu'on ne puisse souvent la regarder qu'en anglais, en particulier en Asie, est un problème. Pour faire connaître notre pays et assurer notre présence, le sous-titrage est une solution à envisager, vous avez raison. TV5 Monde et la CCTV y ont déjà recours.
Le budget de BBC Global News, comprenant notamment BBC Arabic et BBC Persian, s'élevait à 362 millions d'euros à la fin de l'année 2010, celui de la Deutsche Welle à 286 millions d'euros et celui de l'AEF à 368 millions. Quant aux recettes publicitaires, elles étaient de 34 millions d'euros pour la BBC et de 7,5 millions d'euros pour l'AEF – la Deutsche Welle n'en avait pas. Vous voyez que nous ne sommes pas ridicules. J'ajoute que la BBC et la Deutsche Welle ont subi des compressions budgétaires au cours des dernières années, ce qui n'est pas le cas de l'AEF.
La mesure de l'audience est difficile, car les indicateurs varient selon les zones, mais nous utilisons les mêmes méthodes que la BBC et la Deutsche Welle. France 24 avait 9 millions de téléspectateurs en 2008, 20 millions en 2009, 30 millions en 2010 et 43,4 millions en 2011. On peut penser que le développement du pôle arabophone permettra d'aller encore plus loin en 2012.
Le multimédia fonctionne bien. Il emploie plusieurs dizaines de personnes à France 24, ce qui n'est pas négligeable, et il y a de vraies coopérations.
La fusion des rédactions de France 24 et RFI, que souhaitait surtout M. de Pouzilhac, se heurte certes à des problèmes syndicaux, mais ils sont aussi techniques. Je ne suis pas d'accord avec M. Myard : pour le journaliste, la radio n'est pas identique à la télévision. Le fonctionnement des studios ne nécessite pas les mêmes effectifs et les conditions de reportage sont tout aussi différentes. Un journaliste radio est plus mobile qu'une équipe de télévision dont le matériel est plus imposant. Enfin, les conditions salariales ne sont pas les mêmes à RFI et à France 24, ce qui pourrait entraîner certaines difficultés.
Existe-il un modèle idéal ? La BBC n'en est pas un. Elle est parfois plus agréable à regarder, mais la qualité des émissions y est moins grande que sur France 24. Je pense en particulier à l'émission « Les observateurs », dont l'impact est très fort.