Intervention de Christiane Taubira

Séance en hémicycle du 28 octobre 2014 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2014 à 2019 - projet de loi de finances pour 2015 — Justice

Christiane Taubira, garde des sceaux, ministre de la justice :

Que voilà une belle cause ! C’est pour moi un privilège que de présenter cet amendement, qui constitue une réparation, un acte de justice, et aussi de respect et d’estime, à l’égard des mineurs qui ont fait grève en 1948 et en 1952.

Cette grève, qui avait été votée à plus de 90 %, visait à protester contre le démantèlement de leur statut et la baisse de leur salaire. Elle avait été réprimée par les forces armées sur décision du gouvernement d’alors. Des milliers de mineurs furent blessés ; il y eut même des morts. Près d’un millier furent condamnés à la prison pour entrave à l’industrie et au travail. La plupart furent licenciés. Ils en perdirent leur logement, qui était attaché à leur fonction de mineur, fonction dont nous savons bien qu’elle était extrêmement éprouvante, puisqu’elle les tenait dans le ventre de la terre toute la journée, du lever du jour à la tombée de la nuit.

Ils furent donc, pour certains, blessés ou tués, et puis emprisonnés, licenciés, expulsés de leur logement et enfin poursuivis, car lorsqu’ils retrouvaient un emploi, il arrivait fréquemment que l’ancienne direction des mines contacte leur nouvel employeur pour les faire licencier. Ils eurent une vie de détresse, et leurs familles aussi. Ils nous laissent un modèle de dignité, de force morale et de courage. Ce sont des personnes qui ont livré bataille pour leurs droits de travailleurs et aussi pour nos droits et nos libertés, car, il importe de le rappeler, beaucoup parmi eux s’étaient auparavant engagés dans la Résistance.

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