Intervention de Jean-Yves le Drian

Séance en hémicycle du 29 octobre 2014 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2014 à 2019 - projet de loi de finances pour 2015 — Défense

Jean-Yves le Drian, ministre de la défense :

Je veux répondre à M. de Rugy sur le fond. Nous avons déjà eu ce débat à plusieurs reprises, mais j’aimerais vous donner les raisons pour lesquelles je suis, pour ma part, très attaché aux deux composantes de la dissuasion nucléaire.

La dissuasion est aujourd’hui la garante de notre autonomie stratégique et de notre souveraineté. Peut-être contestez-vous globalement ce principe, monsieur de Rugy. Mais si nous approuvons ce principe, pourquoi maintenir les deux composantes de la dissuasion ? Pas pour le plaisir, mais parce que la double composante présente quatre avantages, et j’en ajouterai même un cinquième.

Premièrement, la double composante nous offre une garantie face à l’éventuelle percée technologique imprévue dont pourrait bénéficier un adversaire potentiel, que ce soit dans la défense aérienne, dans la défense antimissile ou dans la détection sous-marine. La double composante présente l’avantage de la redondance.

Deuxièmement, en termes tactiques, la composante aéroportée offre au chef de l’État un large panel d’options stratégiques, et donc un spectre plus large d’actions possibles. Elle évite le « tout ou rien » et permet de lancer un avertissement nucléaire sans dévoiler la composante océanique de la dissuasion.

Troisièmement, la composante aéroportée correspond à une capacité visible, qui offre à l’autorité politique un espace pour une manoeuvre politico-diplomatique pouvant être très utile en cas de crise majeure.

Quatrièmement, la complémentarité des deux composantes génère une contrainte supplémentaire pour les défenses adverses, qui sont obligées de prendre en compte deux modes de pénétration différents, et donc d’être elles-mêmes redondantes dans leur capacité de défense.

Voilà quatre raisons militaires, techniques, stratégiques, qui justifient la nécessité d’une deuxième composante. J’en ajoute une cinquième, monsieur de Rugy : cela ne coûte pas cher.

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