Intervention de Annick Girardin

Réunion du 8 octobre 2014 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Annick Girardin, secrétaire d'état chargée du développement et de la francophonie :

C'est tout à fait vrai. C'est pourquoi j'ai insisté pour que notre drapeau soit présent, à côté, par exemple, du titre AFD ! Mais c'est à nous tous qu'il revient de faire connaître ces efforts dès que cela est possible. Je ne manque jamais pour ma part de rappeler que 20 % des aides européennes au développement proviennent de la France.

J'ai rencontré deux fois les représentants de GAVI et nous avons signé des accords qui prévoient le versement de 1,7 milliard d'euros sur vingt ans. Certains versements sont peut-être en cours de traitement mais nous sommes à leurs côtés, même dans le contexte budgétaire actuel, et ils accordent beaucoup d'importance à notre soutien, qui en entraîne d'autres.

L'APD diminue au total de 1,51 % – grâce à l'augmentation de la part de la TTF consacrée au développement. Sans cela, nous serions à 2,79 %. Nous reparlerons prochainement plus en détail des financements.

Le projet de loi de finances pour 2015 maintient les crédits de l'audiovisuel, qui demeurent adossés à la redevance. L'audiovisuel est une vraie chance pour notre langue, comme les nouvelles technologies. Au Tchad, au Niger, au Mali… on entend aujourd'hui peu parler français. Il nous faut absolument investir davantage dans l'éducation des jeunes, et notamment des jeunes filles – ce dernier point me tient particulièrement à coeur.

J'en viens maintenant aux questions qui concernent le virus Ebola. Il est tout à fait clair que les moyens consacrés à la lutte contre cette maladie sont aujourd'hui insuffisants ; la France se bat pour essayer de les faire croître, au niveau européen comme au niveau international. Les États-Unis – eux-mêmes touchés par le virus – ont annoncé des aides importantes. Il est aussi tout à fait évident qu'il faut traiter l'épicentre de l'épidémie, c'est-à-dire la Guinée : il faut être présent sur le terrain, et nous le sommes principalement en Guinée, où nous mettons en place un centre de traitement. D'autres pays peuvent agir de même ! Ce centre, qui sera géré par la Croix Rouge, comptera d'abord cinquante lits – ce nombre pourra évoluer. Nous avons été sollicités car nos liens avec ce pays sont anciens ; nous étions, l'Institut Pasteur était déjà sur place.

Nous faisons tout pour que la coordination européenne avance beaucoup plus vite. Différentes annonces ont été faites récemment à Bruxelles : nous attendons qu'elles soient chiffrées pour avoir une meilleure visibilité sur les actions possibles et surtout leur calendrier.

Mais il est très important qu'il n'y ait pas de panique. Les événements l'ont montré : lutter contre Ebola, c'est aussi lutter contre les rumeurs les plus folles. Il faut insister sur l'information, sur les premiers gestes sanitaires – ce qui est bien sûr d'autant plus difficile dans des pays dont les systèmes de santé sont chancelants : on connaît le nombre de morts d'Ebola, mais combien de femmes sont mortes parce qu'elles n'ont pas pu avoir une césarienne ? Et n'oublions pas la crise alimentaire, la crise économique, qui sévissent aussi ! C'est pourquoi la France se bat pour que les liens économiques avec ces pays ne soient pas rompus et que les frontières ne soient pas totalement fermées.

Les chiffres issus de modèles mathématiques utilisés par des chercheurs américains, d'après lesquels la France aurait de grandes chances d'être touchée, sont très théoriques, puisqu'ils ne prennent pas en considération les actions des États ; et l'Europe dispose de systèmes de santé suffisamment robustes pour faire face aux cas qui pourraient apparaître.

La mobilisation de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a été trop lente, c'est vrai. C'est, je crois, le cri d'alarme lancé par MSF qui a été efficace.

Plusieurs questions ont porté sur les contrôles nécessaires de l'utilisation des crédits. Les ONG sont nos partenaires, et nous voulons travailler avec elles dans la confiance et la transparence : je leur fais confiance, comme d'ailleurs je fais confiance aux entreprises. Mais pendant longtemps, c'est vrai, la France n'a pas bien évalué l'efficacité de ses actions. Nous nous donnons aujourd'hui les moyens d'être plus performants. Nous l'avons notamment fait pour les aides apportées récemment au Mali, où l'ensemble des bailleurs ne poursuivront leur soutien que si les contrôles demandés sont vraiment mis en place ; une mission du FMI s'est rendue sur place. À New York, la France a rencontré les représentants de la République centrafricaine et exigé que des élections se tiennent, même si elles doivent se tenir moins vite que prévu. Nous appliquons des règles de transparence et de bonne gestion, avec tous nos partenaires, car rendre des comptes à nos concitoyens sur l'utilisation des deniers publics est la moindre des choses.

Vous nous posez aussi la question des rapports. Oui, nous travaillons à en extraire les propositions les plus intéressantes. J'espère vous en reparler très prochainement.

Je voudrais insister sur un point : travailler différemment avec nos partenaires du Sud, cela ne se décrète pas. Il ne suffit pas de dire « les comportements à la papa, c'est fini » pour que le changement survienne ! Il doit être accompagné. C'est un processus lent, trop lent à mes yeux, mais indispensable : il faut renforcer ces démocraties pour qu'elles deviennent de vrais partenaires.

Les transferts de fonds des migrants vers le pays d'origine constituent pour moi un vrai sujet. Il nous faudrait d'abord disposer de plus d'informations sur ces flux financiers, qui constituent un moyen important de développement, comme d'ailleurs la valorisation des ressources des pays du Sud ou la lutte contre les paradis fiscaux. C'est une question qui doit être abordée au niveau du G20.

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