Monsieur le secrétaire d’État, la question posée à l’instant par M. Baumel est pertinente, car la politique immobilière du ministère n’est pas claire. Vous avez une vision limitée, même comptable, de cette politique. On veut faire une bonne affaire à New York, mais c’est plus difficile que prévu car on se heurte au droit de la copropriété. À Tunis, on vend même une partie de la propriété offerte par le dey à la France : c’est donc perçu par les Tunisiens comme une insulte ! Au Québec, on veut vendre la maison Kent, l’une des plus anciennes maisons de la ville, construite au XVIIe siècle.
Là encore, je m’interroge : la France doit tenir son rang, ce qui passe également par la présence de ces immeubles qui l’incarne à l’étranger. Cela ne signifie pas, bien évidemment, que rien ne puisse changer. Mais, à l’évidence, vous faites preuve de précipitation comptable – faire du fric – au lieu de prendre le temps nécessaire à une correcte gestion du patrimoine.
Permettez-moi de vous rappeler une anecdote qui nous vient des Anciens, monsieur le secrétaire d’État, car ils ont parfois des choses pertinentes à raconter en matière de biens à l’étranger. Les biens immobiliers d’une capitale du flanc sud de la Méditerranée ont été un jour recensés. On s’est alors aperçu que, grâce à une série de legs, la France était propriétaire d’une maison close. Jugeant la situation inacceptable, les dévots et les bigotes s’en sont alarmés et ont demandé qu’elle soit vendue. On a mal réagi car, si on l’avait gardée, elle aurait rapporté quelques deniers à votre budget, monsieur le secrétaire d’État !