Intervention de Arnaud Richard

Séance en hémicycle du 3 novembre 2014 à 16h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2014 à 2019 - projet de loi de finances pour 2015 — Travail et emploi

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaArnaud Richard :

Ce bilan qui est le vôtre, monsieur le ministre, découle de trois fautes majeures. La première, c’est la méthode privilégiée par le Président de la République qui a promis le 9 septembre 2012 l’inversion de la courbe du chômage en une année. Les mois passent, le chômage continue d’augmenter, la courbe ne s’inverse pas et l’échec que vous avez récemment avoué, faisant preuve il est vrai d’une forme d’humilité, n’en est que plus retentissant. En la matière, la parole du Gouvernement ne nourrit plus que la défiance et la désespérance et ses membres ne sont plus que les commentateurs passifs d’une crise dans laquelle ils ont, avec la majorité, enlisé le pays. Pire encore, vous avez annoncé que le front de l’emploi ne connaîtrait aucune amélioration avant la fin de l’année 2015, ce qui revient à admettre que trois années ont été perdues dans la bataille pour l’emploi ! Une telle inertie contraste avec l’ampleur des drames humains dont la hausse massive du chômage est chaque jour la cause et que tous ici nous connaissons.

La seconde erreur réside dans l’entêtement idéologique qui a mené le Gouvernement à abroger la défiscalisation des heures supplémentaires, asphyxier le pays d’impôts et mettre les moteurs de la croissance à l’arrêt en vous attaquant à des secteurs vitaux de l’emploi comme les services à la personne ou le bâtiment. Quant à la dernière erreur, les crédits de la mission « Travail et emploi » qui nous occupent ce soir l’illustrent tristement. Vous vous êtes accroché à la boîte à outils, monsieur le ministre, refusant de lancer un véritable plan massif et volontaire de retour à l’emploi que le groupe UDI n’a cessé d’appeler de ses voeux. Les dispositifs de soutien public à l’emploi, auxquels nous avons parfois accordé notre soutien car ils préservent temporairement la cohésion sociale, ne sauraient constituer une réponse globale et pérenne à la hausse du chômage.

La lutte contre le chômage, vous l’avez dit vous-même, suppose la confiance, celle-là même que l’on accorde aux entreprises, aux salariés, aux investisseurs, aux créateurs de richesses, bref à notre économie et surtout à notre ressource humaine, qui en est certainement la principale richesse et qui doit être valorisée par l’apprentissage et la formation professionnelle. Il faut également, nous vous le disons tous ce soir, faire confiance aux acteurs du terrain. Leur proximité, le travail qu’ils mènent en faveur des chômeurs aux difficultés les plus accentuées, leur connaissance des besoins économiques locaux et leur capacité à fédérer tous les acteurs du bassin d’emploi en font des acteurs incontournables en matière d’accès et de retour à l’emploi.

Dans cette perspective, personne parmi nous ne manquera de proposer la révision de la feuille budgétaire que vous proposez pour les maisons de l’emploi créées par le plan de cohésion sociale de Jean-Louis Borloo qui était, lui, un véritable plan massif de retour à l’emploi en raison duquel le taux de chômage était tombé à 7,8 %. Les débats que nous avons eus en commission avec Mme la rapporteure au sujet du programme 103 étaient intéressants, mais laisser entendre que la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences territoriale profitera aux maisons de l’emploi me semble n’être qu’un rideau de fumée. J’espère que nos collègues ne voteront pas les amendements proposés par le Gouvernement visant à abonder les crédits des maisons de l’emploi, car jusqu’à preuve du contraire les dix millions d’euros que nous avons alloués l’an dernier à la Gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences, la GPEC, territoriale n’ont pas bénéficié à leurs budgets.

Vous devinez sans doute la conclusion à laquelle j’arrive, monsieur le ministre. La mission « Travail et emploi » ne traduit pas l’engagement du Président de la République et du Gouvernement de faire de la lutte contre le chômage une priorité. La majorité, c’est son rôle, est venue au secours du Gouvernement en proposant très diplomatiquement mais très fermement un amendement, que vous avez d’ailleurs déjà accepté dans votre propos liminaire, laissant entendre que la feuille de route retenue n’est pas exactement celle qu’elle attendait. Nous verrons comment il sera reçu sur tous les bancs. En résumé, la baisse programmée des crédits de la mission de 1,6 milliard d’euros en trois années ne constitue pas la mise en oeuvre d’une politique volontariste de lutte contre le chômage ni de protection des salariés et de développement du dialogue social. En conséquence, les députés du groupe UDI ne voteront pas les crédits du programme correspondant.

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