Intervention de Barbara Pompili

Séance en hémicycle du 12 novembre 2014 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2014 à 2019 - projet de loi de finances pour 2015 — Immigration asile et intégration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBarbara Pompili :

Madame la présidente, je vous remercie de me permettre de remplacer au pied levé Noël Mamère, dont un empêchement explique l’absence.

Madame la secrétaire d’État, monsieur le rapporteur spécial, madame, messieurs les rapporteurs pour avis, chers collègues, la discussion sur le budget de l’immigration intervient dans une période de grande tension, marquée par la situation à Calais et le crime de non assistance à personnes en danger que représente la mort de milliers de migrants chaque année en Méditerranée.

En ce moment même, des lycéens organisent des manifestations pour défendre leurs camarades sans papiers qui, tel Yero, jeune lycéen sénégalais, sont en cours d’expulsion, tandis que les associations d’aide aux migrants constatent toujours et encore la présence d’enfants dans les centres de rétention – et ne parlons pas de la situation des Roms : les mesures de relogement durable et de soutien social prévues par la circulaire du 26 août 2012 ne sont pas appliquées, alors que les évacuations de campements de Roms, elles, continuent, sans qu’aucune solution pérenne ne soit tentée, hormis celles élaborées par quelques maires courageux.

Avec un peu plus d’hypocrisie, vous pratiquez, grosso modo, la même politique que celle de la précédente majorité : inefficace, incohérente et, en définitive, stigmatisante. Nul n’ignore que, depuis des années, l’extrême droite fait de l’immigration à la fois un bouc émissaire et une politique obsessionnelle validant sa stratégie.

Le vote de ce budget pour 2015 n’a donc rien d’anodin. Pourtant, il va se dérouler sans que l’on s’interroge sur les orientations de la politique suivie.

Nous pourrions nous contenter, et même nous féliciter, de la légère augmentation de ce budget de l’immigration. Chacun le commentera, non d’une manière comptable, mais à partir de sa vision de la politique migratoire qui est conduite.

La droite, l’extrême droite et peut-être même la droite de la gauche diront qu’en période de lutte contre les déficits publics, la hausse du financement de l’accueil et de l’intégration des étrangers est indécente. Les mêmes pourtant voudraient encore plus de centres de rétention, plus de contrôles, plus d’expulsions, donc plus de dépenses inutiles. M. Ciotti a voulu ainsi préempter notre débat sur le droit d’asile en utilisant le débat budgétaire pour critiquer la coûteuse « dérive » de notre système d’asile.

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