Intervention de Marc Meunier

Réunion du 4 novembre 2014 à 16h00
Commission des affaires sociales

Marc Meunier, directeur général de l'EPRUS :

À la demande de la ministre de la santé et du ministre des affaires étrangères, l'EPRUS est présent en Guinée depuis le mois d'avril. Entre mai et juin, il s'est agi de missions de conseil, un réserviste sanitaire – infectiologue ou épidémiologiste – étant envoyé en appui du gouvernement guinéen. Ensuite, cinq réservistes ont mené une action plus pointue à l'hôpital de Conakry. Trois réservistes de l'EPRUS sont également présents en ce moment à l'aéroport de Conakry pour superviser les contrôles sanitaires et épauler les équipes guinéennes. Enfin, douze réservistes – pour le moment en formation complémentaire au sein du centre de MSF – iront animer le centre de Macenta. Cette équipe, complétée par le personnel médical de la Croix-Rouge et des soignants locaux, sera renouvelée toutes les quatre semaines – durée optimale sur place.

Parce que certains d'entre eux manquent soit de qualification soit d'expérience humanitaire, tous les 1 700 réservistes sanitaires de l'EPRUS ne sont pas habilités à aller en Guinée, mais nous travaillons en lien avec l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (APHP), le Groupe d'intérêt public « Ensemble pour une solidarité thérapeutique hospitalière en réseau » (GIP ESTHER), les caisses de retraite – puisqu'on peut faire appel à de jeunes retraités –, la Fédération hospitalière de France (FHF) et d'autres organismes qui sont prêts à nous aider si nous avons besoin de compétences supplémentaires. En effet, le centre de Macenta a vocation à s'inscrire dans la durée pour six ou neuf mois, voire un an.

En matière de financement, lorsqu'il s'agit d'une opération internationale telle que les interventions en Haïti, au Japon ou ailleurs, nos coûts sont en général remboursés par le ministère des affaires étrangères. C'était également le cas pour l'appui au gouvernement guinéen entre avril et juin derniers. En revanche, à partir du mois de septembre, la crise fait l'objet d'un traitement interministériel et la répartition des financements et des remboursements n'a pas encore été arrêtée. Lorsque nous faisons appel à des réservistes sanitaires actifs, nous les envoyons sur le terrain avec l'accord de leur employeur, le centre hospitalier continuant à les payer pendant qu'ils sont en formation ou en mission pour le compte de l'EPRUS ; nous remboursons ensuite à l'établissement de santé la rémunération du réserviste correspondant à la durée de sa mobilisation. Pour les retraités et les libéraux, on s'inspire des grilles de la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAM) qui définissent la rémunération moyenne d'un médecin pour chaque spécialité et secteur géographique.

Au niveau national, dans le cadre du plan mis en place par la direction générale de l'offre de soins et la direction générale de la santé, les douze établissements de santé de référence et tous les centres hospitaliers sièges de SAMU – une centaine en France – ont reçu des directives précises pour se préparer à l'accueil de personnes contaminées, qui leur enjoignent notamment d'effectuer des exercices. L'EPRUS a pour mission d'acquérir et de distribuer tout le matériel nécessaire. Ainsi, nous avons acquis plus de 10 000 tenues de protection – appelées équipements de protection individuelle (EPI) – destinées au personnel soignant, dont une partie a déjà été livrée aux établissements de santé. La dotation est de cinquante tenues par établissement de santé de référence et de cinq tenues par établissement siège de SAMU. Nous gardons l'essentiel du stock national et restons en mesure de livrer, dans des délais très rapides, n'importe quel établissement qui en aurait besoin. Dès le mois d'août, nous avons également acquis le matériel de transport pour les personnes hautement contaminantes ou supposées telles, notamment deux caissons d'isolement – structures en dur, en pression négative, pouvant être installées à l'intérieur de tout moyen de transport : ambulance, hélicoptère ou avion. Nous venons enfin d'équiper tous les établissements de santé de référence, ainsi que les établissements des outre-mer, de housses d'isolement – plus souples et plus faciles à manipuler que les caissons – qui permettent, à l'intérieur du territoire national, de transporter des personnes contaminées ou susceptibles de l'être.

Formés à l'utilisation des caissons et des housses de transport, les réservistes de l'EPRUS interviennent non seulement à l'extérieur, mais aussi sur le territoire national. Une trentaine d'entre eux ont été préparés à aider les établissements de santé de référence qui accueilleraient des personnes contaminées par Ébola. La prise en charge de ces patients étant très consommatrice de moyens humains et génératrice de stress, nos réservistes spécialement entraînés aux techniques d'habillage et de déshabillage sont susceptibles de se rendre, dans des délais très courts, dans un établissement de santé qui en aurait besoin.

Enfin, si un cas d'Ébola survient sur le territoire national, les réservistes de l'EPRUS sont prêts à appuyer l'Institut de veille sanitaire (INVS) ou les ARS pour le suivi des « cas contact », travail qui demande beaucoup de temps puisqu'il implique d'appeler tous les jours les personnes qui ont été en contact avec le malade.

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