Pour avoir interrogé les militaires du rang dans le cadre d'un rapport sur le rôle social de l'armée de terre, je n'ai pas senti d'aspiration au droit de se syndiquer. Il existe en revanche des demandes concernant le dialogue social et l'amélioration de la prise en compte de la parole des militaires. Je pense donc qu'il faudra faire évoluer les instances en place vers plus de transparence, de lisibilité et même de possibilité de débat.
Faut-il, pour autant, aller vers une association professionnelle ? J'avoue être réticent : nous ne devons pas remettre en cause l'unicité du statut militaire, la cohésion des armées, mais aussi leur neutralité. Je ne voudrais pas que des associations fortes puissent contester le pouvoir civil. Les démocraties sont fragiles. Si nous devions évoluer vers un droit d'association, il faut le « border » soigneusement. Droit de grève et droit de retrait sont évidemment exclus, et la vigilance s'impose quant à la neutralité.
L'Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas ont permis à leurs militaires de se syndiquer, avec sans doute des restrictions sur certains points. Le Royaume-Uni a également autorisé ses militaires à adhérer à des syndicats civils, mais en leur interdisant de formuler des revendications. En Espagne, en Italie et en France, la syndicalisation est interdite. Comment, dans ce contexte, faire évoluer le dialogue social au sein des armées ?