Intervention de Bernard Cazeneuve

Séance en hémicycle du 20 novembre 2014 à 9h30
Délimitation des régions et modification du calendrier électoral — Article 3

Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur :

Pas du tout !

Il y a eu des moments dans l’Histoire, monsieur de Rugy, où la réflexion sur l’identité a dispensé d’une réflexion sur l’état du pays et les formes d’organisation politique dont il pouvait se doter, mais en disant cela je ne pensais pas à vous ! Je ne suis pas, moi, centré sur moi-même. Je ne pense pas, à chaque fois qu’un propos est tenu, qu’il me concerne. Je pensais à d’autres. Vous imaginez que chaque propos que je profère s’adresse systématiquement à vous. Non ! J’avais à l’esprit d’autres références historiques.

Je pensais à l’abbé de Rozan, à Joseph de Maistre, à Louis de Bonald, qui, dans les moments les plus réactionnaires de l’histoire de notre pays, expliquaient que n’était légitime, en termes d’organisation politique, que ce qui était conforme à l’identité, à la tradition, et ont alors été confrontés aux plus progressistes des penseurs et des Républicains qui pensaient, eux, qu’il est des constructions politiques qui peuvent convoquer la pensée et qui justifient que notre pays se modernise autrement qu’à travers ces truchements. C’est à cela que je pensais. Je convoquais l’Histoire, je convoquais la philosophie, je convoquais l’histoire des idées politiques. Mes propos ne s’adressaient pas à vous ! Dire cela n’est insultant à l’égard de personne.

Dans un hémicycle comme le nôtre, dans lequel nous pouvons considérer que tous les parlementaires ont en eux une conscience et une idée de ce qu’a été l’histoire de notre pays, nous pouvons nous permettre d’aborder ces débats. Ceux-ci ne sont pas indignes, ils sont même trop peu fréquents dans cet hémicycle.

1 commentaire :

Le 24/11/2014 à 16:52, laïc a dit :

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"C’est à cela que je pensais. Je convoquais l’Histoire,"

Justement, quand on convoque l'Histoire, on convoque toute l'Histoire, on ne choisit pas ce que l'on veut, ce serait trop facile, et la carte de la région Bretagne est celle de 1941, alors doit-on comprendre que la carte de 2014 est l'héritière de celle proposée par Pétain ? Si non, encore faut-il le dire clairement et officiellement, du genre : "Cette carte reprend celle de 1941, mais nous le regrettons, nous avons repris cette carte pour des raisons purement économiques, car nous pensons que l'économique est supérieur à l'Histoire, et qu'il justifie de reprendre certaines idées initiées par les pires fléaux de l'Histoire". Mais encore eût-il fallu que ce discours soit reproduit à l'Assemblée, et également encore eût-il fallu prouver que l'économique permît de s'affranchir de l'Histoire, (comme si d'ailleurs l'économique n'était pas la première raison de l'Histoire... et donc à l'origine de la province Bretagne) aussi bien l'Histoire négative issue de la Seconde Guerre mondiale, mais également l'Histoire positive que fut la construction de la Bretagne par les Bretons, Histoire positive qui est vue malheureusement comme une Histoire négative par l'Etat français actuel, puisqu'il essaie d'amoindrir cette construction, voire la nier tout à fait, ce qui est source de conflit supplémentaire.

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