J'imagine que c'était au titre de leurs fonctions salariées, car nos échanges sur les savoir-faire viennent de commencer. Par contre, les syndicats ont prévu de se rencontrer le 28 octobre à Bruxelles pour comparer leurs niveaux d'information sur ce projet d'alliance qui nous a été présenté le 1er juillet. En effet, si le schéma est clair, à savoir deux sociétés chapeautées par une société de droit néerlandais détenue à parts égales par Giat Industries et la famille Bode-Wegmann, le contenu réel l'est moins car le groupe Krauss-Maffei Wegmann communique assez peu, n'étant pas tenu à une obligation de publication financière. Aussi les déclarations du ministre de l'Économie allemand nous font-elles douter de la validité de la commande que leur aurait passée le Qatar. Nous n'avons donc pas d'informations précises sur le carnet de commandes – la data room entre les deux sociétés est ouverte depuis avant-hier –, d'où nos doutes sur la valorisation de Nexter et de Krauss-Maffei.
Vous appelez de vos voeux la consolidation de l'industrie de l'armement. Mais est-ce la priorité en Europe, sachant que le politique et le militaire ne sont pas consolidés, et que nous sommes confrontés à une multiplicité de marchés nationaux ? La société MBDA, très intégrée au niveau européen, a maintenu une filiale autonome en Allemagne pour répondre aux spécificités du marché allemand, mais elle rencontre les pires difficultés pour exporter. En matière d'exportations, les critères allemands sont différents des nôtres, parfois plus exigeants, en tout cas pour l'armement terrestre. Cette situation interroge sur le futur mariage entre les deux groupes, mais nous aurons l'occasion d'en reparler.
L'annonce de la fermeture de l'hôpital du Val-de-Grâce ne nous paraît pas répondre à une vision planifiée du service de santé des armées. Nous déplorons également que la Cour des comptes ait préconisé la disparition d'au moins un hôpital, si ce n'est deux. Il est vrai que, souvent, la Cour des comptes trace le chemin ; mais elle le fait parfois sans se soucier des objectifs. J'adore ce terme de « résilience », mais j'aimerais qu'on m'explique comment augmenter la résilience de ce pays face à la menace ! Un jour, nous finirons par nous prendre un pavé sur la figure sans savoir comment réagir, parce que nous ne faisons rien pour nous mettre en situation de réagir.
Je n'opposerai pas le budget de l'Éducation nationale à celui de la Défense : les missions de l'État sont nombreuses et il faut bien les concilier. Nous déplorons globalement que les missions de l'État ne soient plus garanties et que l'on privilégie une politique de l'offre au détriment des missions régaliennes.
La remarque de M. Dhuicq sur le SIMu est tout à fait pertinente. La décision brutale prise à propos du SIMu préfigure sa disparition à terme, ce qui pose de réels problèmes en termes de soutien des forces. Nous aimerions comprendre quelle alternative est proposée, en particulier au regard de l'articulation avec les industriels. En effet, l'externalisation fait apparaître soit des sociétés prestataires de services, comme les filiales de GDF Suez, qui offrent des services efficaces, mais non spécifiques, soit des industriels de l'armement dont les offres sont pertinentes, mais qui ne remplissent pas tous les besoins opérationnels des armées car les statuts de leurs personnels ne le permettent pas. Vous l'avez compris : nous sommes en cours de réflexion sur cette question. Ce qui explique que nous n'en ayons pas parlé dans nos déclarations.