Intervention de Bruno Le Roux

Séance en hémicycle du 26 novembre 2014 à 15h00
Droit fondamental à l'interruption volontaire de grossesse — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBruno Le Roux :

Monsieur le président, madame la ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, permettez-moi d’abord de rendre à mon tour hommage à Mme Simone Veil qui, il y a quarante ans, jour pour jour, affrontait – le mot n’est pas trop fort – cet hémicycle pour défendre son projet de loi.

Il faut se souvenir du contexte : jusque-là corsetée, fortement hiérarchisée, la société française avait été touchée dans les années soixante-dix par un formidable besoin de respirer, de dialoguer, d’expérimenter et, au final, de se moderniser.

Le Président Giscard d’Estaing avait capté l’esprit de ces mouvements sociaux – nous parlerions aujourd’hui d’ aspirations sociétales. Il voulait à la fois décrisper la France et la moderniser. Peut-être avait-il entendu Gisèle Halimi ; peut-être avait-il lu le Manifeste des 343 ; peut-être était-il sensible à l’action déjà ancienne du mouvement féministe, auquel je veux ici rendre hommage, car sans lui, rien n’aurait été possible.

La représentation nationale, en revanche, ne reflétait pas ce qui se passait alors dans la société. Au contraire, elle s’arc-boutait contre cette aspiration à plus de liberté, qu’elle s’évertuait à endiguer.

Les images d’archives, qui sont souvent diffusées, et en ce moment tout particulièrement, rendent compte de la violence dont nos collègues de l’époque ont fait preuve à l’encontre de la ministre de la santé. La haine, la vulgarité, la médiocrité, les insultes et les menaces : rien n’aura été épargné à celle qui, depuis cette tribune, demandait à l’Assemblée nationale de légaliser, au nom de la santé publique et pour la vie des femmes, le recours à l’interruption volontaire de grossesse dans notre pays.

Le soutien de la gauche a été décisif pour l’adoption de cette loi, la majorité de l’époque étant réticente à voter son propre texte.

C’est pourquoi vous me permettrez de saluer le Président de la République et le Premier ministre de l’époque, M. Giscard d’Estaing et M. Chirac, qui ont eu le courage politique d’inscrire ce texte à l’ordre du jour de l’Assemblée, en dépit de l’opposition d’une grande partie de leur majorité.

Je me réjouis, mes chers collèges qu’aujourd’hui, vous, les héritiers politiques de l’UDR, des républicains indépendants, des centristes et des autres groupes de droite de l’époque, vous vous soyez associés à ce projet de résolution visant à réaffirmer le droit fondamental à l’interruption volontaire de grossesse en France, en Europe et dans le monde.

Je me réjouis du consensus politique autour de cet acquis que constitue le droit des femmes à disposer librement de leur corps et à enfanter lorsqu’elles le désirent, et uniquement lorsqu’elles le désirent.

Je me réjouis de ce consensus, mais je reste vigilant. Nous restons vigilants.

À la suite de la loi Veil, la loi Pelletier, cinq ans plus tard, a inscrit le droit à l’IVG dans la loi française. Des lois, votées là encore par des majorités de gauche, mais cette fois sous des gouvernements de gauche, ont conforté ce droit. Je pense à la loi Roudy, qui en a organisé le remboursement et la prise en charge par l’État – je salue d’ailleurs Yvette Roudy, qui reste pour nous celle qui a permis ces grandes avancées

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