Intervention de Marisol Touraine

Séance en hémicycle du 26 novembre 2014 à 15h00
Droit fondamental à l'interruption volontaire de grossesse — Discussion générale

Marisol Touraine, ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes :

Monsieur le président, madame la secrétaire d’État, madame la présidente de la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les femmes et les hommes, mesdames et messieurs les députés, il y a quarante ans exactement, Simone Veil, à qui je veux à mon tour rendre hommage, montait à cette tribune pour présenter une loi, devenue historique, qui dépénalisait l’interruption volontaire de grossesse et donnait ainsi aux femmes la possibilité d’avorter dans des conditions sûres et légales. Après l’ordonnance qui a ouvert le droit de vote aux femmes, cette loi, qui n’aurait pas pu être votée sans le soutien de la gauche, reste aujourd’hui l’un des textes les plus emblématiques de l’histoire récente des droits des femmes.

Il y a quarante ans, pour reprendre les mots de Simone Veil elle-même, les femmes sont sorties de l’opprobre, de la honte, de la solitude, de l’anonymat et de l’angoisse des poursuites. Elles sont entrées dans un nouveau siècle, celui où leur droit à disposer de leur corps était enfin reconnu, celui dans lequel il était dit, haut et fort, qu’une femme n’a pas vocation à être mère, mais qu’elle choisit de l’être et qu’elle choisit le moment de le devenir. Ce fut aussi le choix des libertés, politiques, économiques, et sexuelles.

Au moment où, dans des pays de grande civilisation, les plus hauts responsables peuvent affirmer, sans sourciller, que le statut des femmes, c’est la maternité ; au moment où, aux portes de la France, des reculs menacent, au moment où, dans notre pays même, renaît de ses cendres un discours moralisateur, un discours de culpabilisation, qui évoque pêle-mêle le risque d’avortements de confort et le sens des responsabilités, nous devons avec force rappeler l’exigence de ce combat pour la libération et l’émancipation des femmes.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion