Intervention de Yves Fromion

Réunion du 13 novembre 2012 à 17h15
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Fromion :

Il y a quelques semaines, le projet de fusion entre EADS et BAE a connu un échec retentissant, entrave majeure à la restructuration industrielle de la défense au niveau européen. Pensez-vous que BAE ira chercher une alternative aux États-Unis ? Le futur de ce groupe, avec lequel nous avons des coopérations militaires, nous préoccupe fortement. Plus généralement, pourquoi le Royaume-Uni est-il, au fond, si opposé à l'Europe de la défense ?

Sir Peter Ricketts. Comme je vous l'ai dit, nous ne sommes pas opposés à l'Europe de la défense. Nous avons toujours été en faveur du renforcement des capacités européennes ainsi qu'à leur déploiement dans le cadre d'opérations extérieures, et je rappelle que la redynamisation de la défense européenne a été engagée par MM. Chirac et Blair en 1998 lors du Sommet de Saint-Malo. En revanche, nous sommes contre la dispersion de fonds que représenterait la création d'un état-major opérationnel à Bruxelles alors qu'il en existe déjà cinq ou six en Europe, qu'on peut utiliser et qu'on utilise. J'ai fait référence à l'opération Atalanta de lutte contre la piraterie : elle est commandée depuis le quartier général de Northwood, au Nord de Londres, où flotte le drapeau européen. Les capacités militaires européennes manquent, les états-majors ne manquent pas. Nous préférons que les ressources soient dépensées utilement, et quand des opérations sont nécessaires, vous nous trouverez prêts à y participer. Cette année, nous sommes présents en Somalie, et nous sommes favorables à une démarche européenne au Mali. Je le redis, nous ne sommes pas contre l'Europe de la défense, mais nous émettons simplement des réserves sur ses manifestations institutionnelles.

Le Gouvernement britannique était favorable à la fusion entre BAE et EADS, à certaines conditions, comme tous les pays. BAE est stratégiquement essentiel pour nous puisqu'il fournit notre dissuasion nucléaire et nos sous-marins et que, dans un cas comme celui-là, chaque État souhaite protéger ses intérêts souverains. Que le rapprochement envisagé n'ait pas abouti a été une déception pour nous, car cela aurait permis de créer une entreprise de taille mondiale, aux activités civiles et militaires équilibrées, en mesure de faire concurrence aux autres grands groupes mondiaux. J'ignore ce qu'il adviendra. BAE, entreprise privée, agit en fonction des intérêts de ses actionnaires ; je doute qu'une décision soit prise à très court terme.

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