Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, madame la rapporteure générale, mes chers collègues, ce projet de loi de finances rectificative pour 2014 s’inscrit dans un contexte économique européen difficile, pour la France mais aussi pour la zone euro. En novembre, l’inflation est tombée à 0,3 % dans la zone euro. L’Allemagne a atteint son niveau le plus bas en près de cinq ans à 0,6 % et la France est à 0,5 %.
Les dernières prévisions mondiales de l’OCDE témoignent de son inquiétude de voir l’Europe tomber « dans le piège de la stagnation persistante». Le risque que l’Union européenne se retrouve dans une situation de déflation est bien réel alors même que nous nous apprêtons à voter ce projet de loi de finances rectificative.
L’indice PMI, qui porte sur les entreprises en Europe, devrait être mauvais – il sera annoncé mercredi. Paradoxalement, les résultats de la France en ce domaine devraient être meilleurs que ceux de ses voisins.
Les prévisions de croissance française retenues à 0,4 % pour 2014, et de déficit des administrations publiques de 4,4 % du PIB, sont en parfaite conformité avec la réalité macroéconomique internationale. Il ne peut nous être reproché de ne pas être sincères sur ce collectif budgétaire rectificatif.
Quelles mesures le Gouvernement envisage-t-il de prendre face au risque de déflation ? Le prix du baril est en baisse constante mais, dans le même temps, le cours de l’euro baisse également par rapport au dollar.
Bien sûr, la perspective d’une déflation nous oblige à réaliser des économies, et c’est l’objet de ce projet de loi de finances rectificative pour 2014.
J’ose vous rappeler qu’en 2012, le déficit public était supérieur à 5 % et que la dette publique atteignait son plus haut niveau en temps de paix – à 88,7 % du PIB contre 63,3 % en 2007.
Le Gouvernement a pris ses responsabilités en maîtrisant la dépense publique dans ce projet de loi de finances rectificative pour 2014. La croissance de la dépense s’élèvera seulement à 1,4 % cette année contre 1,9 % en 2013. Le rythme de la dépense a été divisé par deux par rapport à la moyenne constatée entre 2002 et 2012, ce qui est une excellente nouvelle.
Ces efforts, cependant, ne doivent pas occulter le principal problème qui touche notre pays, celui de l’emploi, en particulier celui des jeunes.
Depuis trois ans, la crise a fortement touché les jeunes Français. Même si son taux n’est que très légèrement supérieur à la moyenne continentale, le chômage des moins de 25 ans n’en reste pas moins préoccupant en France.
Nous avons bien sûr créé les emplois d’avenir mais nous devons aller plus loin, pourquoi pas en étendant le dispositif à l’ensemble du secteur privé pour permettre aux jeunes Français, en complément du plan de relance de l’apprentissage, de s’insérer pleinement dans la vie active.
Enfin, si l’emploi des jeunes doit être une priorité, le domaine de la construction et du bâtiment doit également retenir notre attention car ce secteur est essentiel au dynamisme d’une économie comme la nôtre.
Du petit artisan à la grande entreprise de travaux publics, le bâtiment est pourvoyeur d’emplois et représente souvent le baromètre à chaud de notre économie. Dans nos circonscriptions, nous côtoyons régulièrement des chefs d’entreprise dont les carnets de commande diminuent de mois en mois.
Nous sommes là au coeur de la problématique du projet de loi de finances rectificative. Devons-nous baisser les charges des entreprises pour favoriser leur activité au détriment des recettes de l’État ou accompagner la relance du secteur du BTP en maintenant un niveau élevé de dépense publique ?
Le secteur de la construction et du logement est essentiel et il traverse une crise profonde ; je plaide depuis plusieurs mois pour qu’il soit soutenu. Je me félicite donc des quelques mesures qui sont prises dans ce texte, mais il faudra aller plus loin.