Mon intervention s’inscrit dans le même esprit que celle de Frédéric Lefebvre. Les 9 millions de Français bénéficiaires du dispositif, pour un gain moyen estimé à 500 euros par an, étaient des salariés modestes, ceux que vous auriez normalement plutôt tendance à protéger. En réalité, ils se sont sentis trahis par la suppression de l’exonération des heures supplémentaires. Vous avez porté un très mauvais coup à leur pouvoir d’achat ! Élue d’une circonscription industrielle, je rencontre beaucoup de personnes qui affirment gagner la même somme que l’an dernier tout en contribuant beaucoup plus sur le plan fiscal.
Certes, il y a les hausses d’impôts que vous avez largement mises à contribution, mais ce n’est pas tout. Aujourd’hui, quelqu’un qui est en travail posté trente-neuf heures par semaine ne le choisit pas, c’est son entreprise qui a adopté un rythme de travail composé de cinq journées de huit heures. Mais si le salarié subit ces heures supplémentaires, le gain fiscal dont il bénéficiait précédemment représentait une vraie avancée pour son pouvoir d’achat. C’étaient des vacances, des achats – en un mot de la consommation. Vous n’avez pas pris conscience qu’en refiscalisant les heures supplémentaires, vous alliez atteindre le pouvoir d’achat des salariés, mais également la notion même de consommation. Or, quand la consommation baisse, la croissance est en berne. C’est exactement la situation que vous connaissez aujourd’hui, et ce n’est pas faute d’avoir été prévenus !