Intervention de Arnaud Leroy

Séance en hémicycle du 4 décembre 2014 à 9h30
Principe d'innovation responsable — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaArnaud Leroy :

Vous soulevez un débat intéressant, celui de notre rapport au progrès. Ce qui est dommage, c’est que vous avez tendance à le limiter au progrès technique, voire industriel, alors que l’on peut lui trouver beaucoup d’autres dimensions.

Vous qui vous faites les défenseurs du monde de l’entreprise, j’appelle votre attention sur le fait qu’avec cette nouvelle notion, vous plongez l’intégralité de notre appareil productif dans une zone d’incertitude et de turbulence. Ce que veulent aujourd’hui les entreprises, ce n’est pas défiler, mais de la visibilité et de la stabilité.

Remettre en cause le socle juridique constitutionnel, mais aussi européen et international du principe de précaution est dangereux pour l’objectif que vous recherchez. Il faut savoir s’interroger sur la modernité, la technicité, le côté irréversible de certains choix technologiques. On a cité Hans Jonas, nous pourrions également citer Ulrich Beck. Ces philosophies nous intéressent. Plus proche de nous, Michel Serres et son éthique de la nature nous amène à nous demander quelle terre nous allons léguer. Ces questions méritent d’être discutées dans cet hémicycle, et pour cela, je vous remercie de votre proposition de loi constitutionnelle, même si ce faisant je vais à l’encontre du flot de mes collègues.

Vous le savez, notre planète est une espèce menacée, et nous le sommes également. Il faut donc que l’on puisse prendre toutes les mesures nécessaires. Comme Bertrand Pancher, je suis pour l’élargissement du principe de précaution. J’espère que les travaux qui seront peut-être menés sous l’égide de l’OPECST et de la commission des affaires économiques s’intéresseront à ce sujet.

Je ne vous rejoins pas du tout sur le fait que le principe de précaution constituerait un frein à la recherche et à l’innovation. Au contraire, les débats que nous avons eus sur la transition énergétique ont montré qu’il était le moteur d’une recherche approfondie.

Nous devons aussi être capables de nous interroger au sujet d’un contrat social dont on ne parle jamais, celui que l’on passe avec nos descendants et les générations futures. Je me fais ici le porte-parole des plus jeunes d’entre nous, au regard de mon jeune âge…

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion