Intervention de Marie-Anne Chapdelaine

Séance en hémicycle du 9 décembre 2014 à 15h00
Réforme de l'asile — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-Anne Chapdelaine :

La motion de rejet qui nous est proposée reprend pour l’essentiel les thématiques classiques de la dernière législature, amalgame entre immigration clandestine et droit d’asile, confusion entre droit d’asile et immigration, suspicion vis-à-vis de l’autre, coupable potentiel de tous les maux et de tous les vices. Je n’oublie bien entendu ni les effets de manche ni les postures qui, à défaut d’avoir été efficaces, permettent à peu de frais de faire oublier l’échec criant d’une politique inefficace, répressive et discriminante.

Les Français, monsieur le député, ne soupçonnent pas celui qui, parce qu’il était persécuté, a dû abandonner la terre de ses ancêtres de tricher. Les Français n’ont pas la solidarité honteuse. Nos concitoyens sont fiers d’accueillir les femmes, les hommes et les enfants victimes de la tyrannie et de l’oppression. Ils ne craignent pas l’étranger, ils n’ont pas peur de vivre en République.

Nous ne courons pas après les extrêmes, la France et les Français valent mieux que cela, car la France, monsieur le député, c’est celle qui honore son adhésion à la Convention de Genève, celle qui soutient tous ceux et toutes celles pour qui la liberté est non un droit mais un combat.

Vous reprochez en définitive à ce projet de loi de respecter l’esprit et la lettre du droit d’asile tel que nous l’avons imaginé après la Seconde guerre mondiale : accueillir et protéger les plus vulnérables, ceux qui sont persécutés en raison de leur sexe, de leur couleur de peau, de leurs opinions politiques.

Ce texte propose un toit, un droit, un accueil, une protection, et les besoins en la matière sont immenses, la majorité précédente en portant clairement la responsabilité. Une seule illustration : entre 2007 et 2012, le gel de la construction des places en CADA a fait de l’hébergement d’urgence le principe de la politique d’accueil des demandeurs d’asile. Ce sont des choix dont nous payons chèrement le prix.

Vous avez superbement ignoré pendant cinq ans les nécessités d’une politique du droit d’asile digne de notre pays et de ses engagements internationaux. Vous avez ainsi sciemment laissé se dégrader les conditions de travail des personnels des préfectures, des agents de l’OFPRA. Cette parenthèse d’incurie, nous allons aujourd’hui la refermer.

Nous nous engageons par ce texte à respecter le droit, à rendre efficaces la loi et les procédures, à mettre en place un dispositif d’accueil et d’hébergement pérenne, auquel tous vont contribuer, c’est-à-dire à être dignes de nos valeurs, de notre pays et des responsabilités qui sont les nôtres.

Le groupe SRC votera contre cette motion.

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