Intervention de Jean-Louis Bourlanges

Réunion du 19 novembre 2014 à 16h30
Commission des affaires européennes

Jean-Louis Bourlanges :

Je ne voudrais pas qu'il y ait une fausse querelle entre Hubert Védrine et moi sur l'origine du traité de Maastricht : si ce traité a été bien négocié, nous avons cependant fait des concessions aux Allemands, qui étaient embarrassantes, et donné le sentiment, quand nous avons proposé un « gouvernement économique », que c'était un pouvoir de tutelle sur la BCE, chiffon rouge pour les Allemands. Tout reposait en fait sur l'idée de l'engrenage, la création de la monnaie unique devant entraîner une dynamique de politique économique commune. Or cette espérance était téméraire et ne s'est d'ailleurs pas concrétisée, parce que dès le milieu des années 1990, on a basculé dans une Europe eurosceptique. Ce n'est pas la même chose d'avoir à faire à Berlusconi, à Schröder, à Aznar, ou à Chirac qu'à Andreotti, Kohl, Gonzalez, ou Mitterrand !

Nous sommes alors restés au point mort pendant dix ans, à la suite de quoi nous avons eu une crise économique sévère. Je ne pense pas que le Président Sarkozy ait été à la remorque de la chancelière allemande : sur l'ingérence et la solidarité budgétaire, Allemands et Français ont fait le chemin et, sur la solidarité financière, ce sont les banquiers centraux, la France et l'Italie faisant en plus pression sur l'Allemagne. Je sais gré à la chancelière, compte tenu des difficultés liées à son opinion publique et à la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, d'avoir laissé la BCE élargir ses fonctions. On s'était mis pendant quinze ans dans une situation de contradiction profonde, reposant sur une ambition de politique monétaire dont nous ne voulions pas assumer les conséquences économiques et budgétaires. Nous nous étions conduis comme si nous avions toujours une monnaie nationale et que nous pouvions dévaluer alors que c'était impossible. Cette contradiction a éclaté lors de la crise économique. Compte tenu des décisions prises ces dernières années, je suis donc plus optimiste que M. Myard sur la solidité de la zone euro.

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