Intervention de Meyer Habib

Réunion du 25 novembre 2014 à 18h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMeyer Habib :

L'Iran avance doucement mais sûrement vers l'arme nucléaire. Nous courons à la catastrophe, c'est-à-dire au cauchemar nucléaire et à un embrasement total de la région. Car les Israéliens, que je connais bien, ne laisseront pas faire. La position de la France, que vous exprimez, est l'une des plus fermes. Mais tous les observateurs notent que les Américains ont encore fait des concessions, parce qu'ils veulent à tout prix enregistrer un succès. Il suffit de voir les réactions très négatives de l'opposition iranienne à l'annonce de la prolongation de la négociation de sept mois supplémentaires. La situation est très inquiétante.

Dans le combat contre Daech, n'est-il pas absolument contre-productif d'annoncer que nos avions ne dépasseront pas telle ou telle ligne ou que nous n'enverrons pas de troupes au sol ? Il faut non pas dire ce que nous allons faire, mais faire ce que nous avons à faire pour détruire Daech ou « décapiter » ce mouvement, pour reprendre une notion qu'il affectionne particulièrement. Il est étonnant que 30 000 personnes puissent traumatiser ainsi l'ensemble des armées à travers le monde et déstabiliser à ce point, avec ces images terribles que nous voyons tous les jours.

J'en viens au projet de résolution sur la reconnaissance de l'État de Palestine, point le plus sensible pour moi. Tout le monde souhaite un État palestinien à côté de l'État d'Israël. Mais c'est une très mauvaise résolution, qui va éloigner la paix. Dans le cadre de discussions sur une équivalence de diplômes, j'ai rencontré le premier ministre israélien à trois reprises ce week-end. Avec cette initiative, nous allons prendre parti et mettre la France définitivement hors jeu. Ainsi que l'a indiqué Pierre Lellouche, la question est très complexe, et nous ne sommes pas parvenus à la résoudre en soixante-dix ans. Mais ce n'est pas le seul problème qui ne trouve pas de solution : les 35 millions de Kurdes restent privés d'État ; Chypre fait toujours l'objet d'un conflit entre la Grèce et la Turquie ; personne ne s'occupe des malheureux Tibétains, car cela concerne la Chine. Allons-nous adopter la semaine prochaine une résolution pour demander la création d'un État tibétain ? Allons-nous nous mêler du dossier catalan ? Non, pourtant, 80 % des Catalans ont voté en faveur de l'indépendance.

À un moment où il faudrait apaiser, nous allons attiser, mettre de l'huile sur le feu et importer le conflit. Avons-nous oublié que, à Toulouse, il y a deux ans, Mohammed Merah prétendait venger ses frères palestiniens tués ? Nous savons, hélas, que le projet de résolution sera adopté, quoi qu'il arrive. Il prend parti pour l'un des deux camps, sous la pression de l'extrême-gauche. Ainsi que l'a déclaré Benoît Hamon, la gauche tente ainsi de récupérer une partie de son électorat des banlieues. C'est une faute grave ! (Vives protestations de plusieurs commissaires du groupe SRC.) La démocratie consiste à écouter les autres ! Souffrez que je m'exprime trois minutes !

Monsieur le ministre, il ne faut pas jouer avec des allumettes à côté d'une citerne remplie d'essence ! Encore une fois, tout le monde souhaite deux États vivant côte à côte en paix, sur la base d'une solution négociée. Or, aujourd'hui, nous ne parlons plus de négociations : nous voulons imposer une solution, ce qui se révélera contre-productif. Je suis triste pour les relations entre la France et Israël. Je m'exprime au nom des 170 000 Franco-Israéliens, mais aussi de la très grande majorité de la communauté juive de France, que cette résolution inquiète au plus haut point. Je tenais à vous faire part de ces réflexions. Nous en reparlerons bien sûr vendredi prochain.

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