Je regrette vivement, madame la présidente, qu'un tel climat s'installe ce soir au sein de notre commission : nous ne devrions pas nous interpeller ainsi les uns les autres au cours d'un exercice de questions au ministre. Chacun de nous détient ici, je le rappelle, une parcelle de la souveraineté nationale. Nous ne sommes les porte-parole d'aucun groupe de pression et, dans le cadre de notre travail parlementaire, nous n'avons pas à répondre aux injections, d'où qu'elles viennent. Il n'est pas non plus tolérable de comparer le conflit israélo-palestinien – la communauté internationale ayant reconnu le droit de chacune des deux parties à l'existence et à la sécurité – avec les situations, certes de plus en plus sensibles, suscitées par des mouvements autonomistes ou indépendantistes en Europe.
À supposer que vous ne la connaissiez pas déjà, monsieur le ministre, je souhaite vous faire part de cette très belle phrase de David Ben Gourion : « La condition de notre existence repose sur notre valeur morale ; si, aux yeux du peuple et du monde, nous perdons le droit moral à notre existence, Israël ne pourra survivre. » Cette réflexion est-elle toujours d'actualité ? Pour avoir longtemps travaillé au sein du comité sur les questions relatives au Moyen Orient de l'Union interparlementaire, j'ai la conviction que les peuples israélien et palestinien veulent la paix et la sécurité. Malheureusement, la classe politique, des deux côtés d'ailleurs, n'est pas tout à fait à la hauteur de leurs espérances. Quant à la négociation dite « directe » engagée sous les auspices des États-Unis, elle a incontestablement échoué ; elle n'a plus d'avenir. Comment la reprendre sur la base du projet de résolution déposé par le groupe SRC ? À l'instar d'autres pays, nous entendons affirmer que la Palestine a un droit à l'existence et que, dans le même temps, les deux États, en particulier Israël, ont un droit à la sécurité, conformément à la position traditionnelle de la France. Comment convaincre les acteurs de ce drame si ancien et toujours renouvelé que les intérêts de leurs peuples doivent être davantage pris en considération qu'ils ne le sont aujourd'hui ? Comment allez-vous vous y prendre ?
S'agissant de l'escalade à laquelle nous assistons avec la Russie à propos de l'Ukraine, je rejoins, pour une fois, le point de vue de Jacques Myard : il faudra bien un jour que nous fassions le pari d'un renversement de la charge de la preuve s'agissant de la bonne volonté dont la Russie doit faire acte pour résoudre cette situation. Selon moi, nous ne pouvons pas poursuivre inconsidérément cette escalade, qui n'a pas d'autre perspective que celle de l'escalade elle-même.