En effet.
Nous souhaiterions bien sûr respecter les engagements contractuels que nous avons souscrits en 2011. Mais pensez à toutes les conséquences, politiques et économiques. Nous ne pouvons pas livrer un navire militaire à un pays qui mène une guerre contre un autre, à un moment où la sécurité européenne est menacée. Sur le plan économique, ainsi que vous l'indiquez, la Russie est un partenaire important. Je fais partie de ceux qui ont défendu l'idée qu'il fallait non seulement commercer avec la Russie, mais construire une relation stratégique avec elle. Cependant, si nous livrions le Mistral dans les conditions actuelles – espérons qu'elles changent –, cela aurait aussi des conséquences sur nos relations économiques avec d'autres pays. Il n'y a donc pas de bonne solution. Nous essayons d'agir de telle manière que nous puissions livrer les Mistral. C'est pourquoi nous avons retardé l'échéance, ainsi que le contrat le permettait. En revanche, abandonnez l'idée selon laquelle nous pourrions les revendre à un autre État – Canada, Chine, États-Unis ou autre –, comme je le lis parfois dans la presse : le contrat l'interdit formellement. Bien sûr, l'enjeu financier est important.
Encore une fois, les Russes ne se comportent pas comme ils le devraient, mais, depuis les élections législatives, l'attitude ukrainienne n'est pas non plus celle que nous pourrions souhaiter. La décision du nouveau gouvernement ukrainien de ne plus payer les pensions des retraités qui habitent dans les zones du Donbass contrôlées par les séparatistes et d'y suspendre l'activité des services publics n'est sans doute pas la meilleure qui soit si l'objectif est de préserver l'unité de l'Ukraine. D'autre part, la nouvelle coalition a fait de l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN l'un de ses objectifs. J'ai déclaré ce matin sur France Inter que nous ne partagions pas cette approche. Si vous voulez agiter le chiffon rouge, c'est précisément ce qu'il faut faire !